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J'attendais ce film de Netflix depuis des années et je n'ai pas été déçu (il m'a même fait oublier une horrible déception passée)

Chaque semaine, c'est la même chose, Netflix ajoute du nouveau contenu à la chaîne pour éviter de voir partir ses abonnés. Et s'il est souvent difficile de s'y repérer et de savoir quoi regarder, il y a pourtant un film à ne surtout pas manquer aujourd'hui : Nicky Larson (City Hunter). Non, on ne parle pas de la version parodique de Philippe Lacheau, mais de la véritable adaptation live-action du manga de Tsukasa Hōjō signée Yūichi Satō.

Qu'elle est loin l'époque où Netflix saccageait Death Note à travers une adaptation complètement ratée du célèbre manga de Tsugumi Ōba et Takeshi Obata. Ces dernières années, la plateforme de streaming s'est illustrée dans le domaine du live-action avec des séries très réussies (ou du moins, agréables à suivre) adaptées d'oeuvres japonaises cultes comme Alice in Borderland, One Piece ou encore Yu-Yu-Hakusho.

Une adaptation parfaitement réussieAussi, c'est peu dire que j'attendais avec impatience sa version de City Hunter (Nicky Larson en VF). De par son concept plutôt classique (un détective privé fait équipe avec la soeur de son ancien partenaire pour résoudre des affaires ignorées de la police) et son ambiance façon polar noir où se mêle habilement humour et action, le manga de Tsukasa Hōjō est, normalement, facile à adapter quand on y met son sérieux.

Je dis bien "normalement" car, étonnamment, ça n'a jamais été le cas jusqu'à présent. Entre le nanar de 1992 porté par Jackie Chan ou l'horrible version française de 2018 de Philippe Lacheau qui était plus une parodie de l'anime diffusé en VF dans le Club Dorothée qu'une véritable adaptation (ça faisait le taf, mais c'était du Nicky Larson et non du City Hunter), j'ai personnellement pas mal souffert. Bonne nouvelle, ce film de 2024, 100% japonais, signé Yūichi Satō, rompt avec cette triste tradition. Ici, on a le droit à une belle réussite. Celle que j'attendais depuis 30 ans.

Un duo crédible qui nous emportePremier point qui m'a impressionné : le casting. Ryohei Suzuki semble être né pour incarner Ryo Saeba tant il illumine chaque scène, maîtrisant aussi bien les séquences cartoonesques que l'aspect sombre et sérieux du personnage. Il se donne corps et âme pour ce rôle au point que l'on a l'impression qu'il a toujours été Ryo. De même, Misato Morita met parfaitement en lumière la personnalité complexe de Kaori, à la fois douce et forte, qui ne cache pas sa douleur sans jamais la laisser prendre le dessus sur sa motivation. Ce n'est pas toujours juste, mais c'est suffisamment volontaire pour nous capter. Surtout, le duo fonctionne parfaitement ensemble, avec une alchimie qui fait des étincelles et qui ouvre la porte à de belles promesses en cas de suite. Il apparait évident qu'ils ont compris les personnages, ce qui leur permet de leur donner vie de la plus belle des manières.

Un univers sous contrôle permanentAutre belle surprise : l'excellente balance humour et action. Les lecteurs le savent, le problème avec Tsukasa Hōjō c'est qu'il possède un humour assez casse-tête à adapter. En plus du comportement problématique de Ryo qui n'a plus sa place aujourd'hui (on valide les efforts faits pour atténuer l'ensemble sans jamais en perdre le ton), tout y est cartoonesque. Or, là où le contraste avec le côté polar des missions n'est pas dérangeant sur papier, cela reste en théorie plus difficile à accepter à l'écran tant les deux genres sont antinomiques.

Pourtant, ce n'est pas le cas ici. J'ai même été surpris d'entrer aussi facilement dans le délire où, d'une seconde à l'autre, on peut rire devant une blague débile (et vraiment, il y en a beaucoup) et vibrer devant le sérieux de l'intrigue. Tout s'enchaîne avec brio, ce qui ne m'a jamais sorti de l'histoire. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'ADN unique qui en ressort apparait crédible et donc réjouissant à suivre.

Un vrai film de cinémaEt c'est ce qui offre le troisième gros point fort du film : Yūichi Satō et son équipe évitent la facilité. Là où les comédies d'action privilégient souvent le concept de "comédie", ce Nicky Larson nous offre de tout. Cela se traduit par des combats stylés (même si les Sud-coréens ont encore de l'avance niveau chorégraphies), mais aussi par une mise en scène qui fourmille d'idées. On n'est pas sur du Christopher Nolan, mais on est loin de la comédie plan-plan basique.

La photographie est bien pensée et certaines séquences m'ont plusieurs fois caressé la rétine. Je pense notamment à ce passage sur le toit entre Ryo et Kaori qui, dans sa sobriété, raconte et montre énormément de choses. Même en matière d'humour, ce film se veut créatif ET sérieux, comme l'affrontement sur la scène de cosplay. Ça va à 100 à l'heure, mais ça ne se perd jamais en chemin.

Bref, ce City Hunter 2024 est clairement LE film que j'attendais de voir depuis des années. Certes, il faut accepter le cinéma japonais et aimer l'oeuvre de Tsukasa Hōjō pour ne pas cringer devant certains éléments ou souffler devant l'improbabilité de quelques passages, mais j'ai pris un plaisir immense devant. Quel bonheur de voir une équipe comprendre à ce point le manga et le respecter, tout en le modernisant un peu. Effectivement, la version de Philippe Lacheau possédait quelques idées sympas, mais elle restait en surface de l'oeuvre. Ici, tous les éléments sont exploités ce qui offre un résultat équilibré et kiffant. Netflix, je veux déjà une suite. C'est passé trop vite !

publié le 29 avril, Quentin Piton , Purebreak

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