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Iran : emprisonné, le réalisateur Jafar Panahi entame une grève de la faim

Emprisonné en Iran depuis juillet dernier, Jafar Panahi a décidé de commencer une grève de la faim pour dénoncer les conditions de son incarcération.

Incarcéré en Iran depuis le mois de juillet dernier pour propagande contre le régime, le réalisateur Jafar Panahi a entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions de sa détention.

"Aujourd'hui, comme beaucoup de personnes piégées en Iran, je n'ai d'autre choix que de protester contre ce comportement inhumain avec ce que j'ai de plus cher : ma vie", a signalé le metteur en scène dans une déclaration publiée le 2 février par sa femme.

"Je refuserai de manger et de boire et de prendre tout médicament jusqu'à ma libération", a ajouté Panahi. Ce dernier a reçu le soutien de nombreuses personnalités du monde artistique, qui appellent à sa libération immédiate.

Par ailleurs, les cinéastes de L'ARP et la SRF ont lancé pour dénoncer l'incarcération du réalisateur et faire pression afin qu'il soit relâché.

"Ce cri pour la liberté nous oblige collectivement", ont indiqué l'ARP et la SRF. Le Festival de Berlin a aussi apporté son soutien au metteur en scène iranien.

"Nous sommes solidaires des Iraniens qui combattent pour leurs droits. Nous condamnons cette arrestation et appelons à sa libération."

Le 8 juillet dernier, les réalisateurs iraniens Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad étaient arrêtés à leurs domiciles respectifs, en Iran, en raison de leur "activisme déstabilisateur", comme l'expliquait alors Libération.

Le journal précisait toutefois que la vraie cause serait leur statut de signataires, au mois de mai, d'un "appel à ce que la police cesse d'user de ses armes sur la foule protestant contre la corruption et la gabegie réglementaire ayant conduit à l'effondrement d'une tour à Abadan dans le sud-ouest du pays."

Cette arrestation a donné lieu à une pétition exigeant leur libération, ainsi qu'à des manifestations. Et c'est en marge de l'une d'elles que le cinéaste iranien Jafar Panahi a été arrêté à son tour, le lundi 11 juillet.

Lauréat de l'Ours d'Or au Festival de Berlin en 2015 grâce à Taxi Téhéran, le metteur en scène doit aujourd'hui purger une peine de six années de prison... à laquelle il a été condamné en 2010.

Le cinéaste "a été emmené au centre de détention d'Evin pour y purger sa peine". En effet, l'artiste vivait sous un régime de liberté conditionnelle qui a été révoqué suite à la manifestation.

En septembre dernier, depuis sa cellule (partagée avec Mohammad Rasoulof), Jafar Panahi avait pu adresser un message au Festival de Venise. L'artiste avait été récompensé du Prix du Jury pour son dernier film, Aucun ours.

"Nous sommes des cinéastes. Nous faisons partie du cinéma indépendant iranien. Pour nous, vivre c'est créer. Nous créons des œuvres qui ne sont pas des commandes, c'est pourquoi ceux qui sont au pouvoir nous voient comme des criminels. Le cinéma indépendant reflète son époque. Il s'inspire de la société. Et il ne peut y être indifférent", a déclaré le metteur en scène.

"L'Histoire du cinéma iranien témoigne de la présence constante et active de réalisateurs indépendants qui ont lutté pour repousser la censure et garantir la survie de cet art. Pendant que certains se voient interdire de tourner des films, d'autres sont contraints à l'exil ou réduits à l'isolement.

Et pourtant, l'espoir de créer à nouveau est notre raison d'être. Peu importe où, quand et dans quelles circonstances, un cinéaste indépendant crée ou pense à la création. Nous sommes des cinéastes indépendants", a-t-il martelé.

publié le 3 février, Vincent Formica, Allociné

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