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Interdite aux moins de 16 ans, cette romance cannibale avec Timothée Chalamet va vous mettre mal à l'aise

Quatre ans après le succès de "Call Me By Your Name", Timothée Chalamet fait de nouveau équipe avec le réalisateur Luca Guadagnino pour une autre d'histoire d'amour. Mais sur fond de cannibalisme. Âmes sensibles, "Bones and All" va vous remuer.

ÇA PARLE DE QUOI ?

Maren part à la recherche de sa mère et rencontre Lee, un adolescent à la dérive qui va l'embarquer dans un road trip enflammé sur les routes de l'Amérique profonde. Leur amour naissant sera-t-il suffisamment fort pour résister à leurs démons, leur passé et le regard d'une société qui les considère comme des monstres ?

LES UNS ET LES OS

Il y avait bien eu Melissa P., Amore ou encore A Bigger Splash, remake de La Piscine qui bénéficiait de la présence au casting de Dakota Johnson, fraîchement auréolée du succès de Cinquante nuances de Grey. Mais c'est avec Call Me By Your Name que le grand public a découvert Luca Guadagnino, qui a permis à Timothée Chalamet de décoller pour de bon, grâce à cette histoire d'amour oscarisée pour son scénario.

Quatre ans plus tard, et après avoir passé une tête dans sa série We Are Who We Are, l'acteur devenu la star de Dune retrouve le metteur en scène pour une nouvelle romance. Un peu moins conventionnelle puisqu'elle se noue entre deux jeunes... cannibales. Soient Maren (Taylor Russell McKenzie, Prix Marcello Mastroianni du Meilleur Espoir au dernier Festival de Venise) et Lee (Timothée Chalamet, qui excelle dans la noirceur contenue de son personnage).

Après un incident qui révèle ses démons au grand jour, la première se voit contrainte de déménager, au grand dam de son père qui décide de l'abandonner, ne pouvant plus supporter le fardeau que représente sa fille. Celle-ci part alors sur les routes américaines à la recherche de sa mère, et découvre qu'elle n'est pas seule. Outre Lee, elle fait la connaissance de Sully, qui permet à Mark Rylance de s'illustrer dans les scènes les plus malaisantes du film.

Interdit aux moins de 16 ans, Bones and All n'est pas gore comme pouvait l'être The Sadness cette année. Ni complaisant. Ses scènes horrifiques sont mêmes rares, sur les 2h10 que dure le long métrage, mais chacune d'elle fait son petit effet, à commencer par la toute première, véritable électrochoc qui pourrait marquer une première division au sein du public. Malgré la douceur de certaines séquences entre les deux héros, le film n'est pas franchement confortable. Et il ne cherche pas à l'être.

Mis en scène avec une précision qui a valu un Lion d'Argent à Luca Guadagnino à Venise, Bones and All doit également une partie de son atmosphère à sa bande-originale signée Trent Reznor et Atticus Ross (The Social Network, Soul). Après Sufjan Stevens pour Call Me By Your Name et Thom Yorke pour son remake de Suspiria, le cinéaste prouve qu'il sait très bien s'entourer sur le plan musical.

Radical et conçu comme une métaphore de la marginalité sous toutes ses formes, il ne s'agit toutefois pas d'un film facile d'accès. Navigant entre le road-movie, la romance et l'horreur, Luca Guadagnino étire le récit quitte à donner l'impression qu'il ne sait pas vraiment où il veut aller. Le parallèle avec l'errance de ses personnages principaux est alors facile à faire, mais certains spectateurs pourraient être décontenancés.

Cela rend néanmoins les accès de violence un peu plus marquants encore, tout comme le temps qu'il prend pour installer l'ambiance de certains séquences finit par créer une vraie sensation de malaise. Le résultat n'est certes pas à mettre entre toutes les mains, et à déconseiller aux âmes sensibles, mais l'expérience ne laisse assurément pas indifférent.

publié le 23 novembre, Maximilien Pierrette, Allociné

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