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Interdit aux moins de 16 ans et jugé obscène, ce grand film ressort en salles et va vous captiver

Pier Paolo Pasolini, l'un des cinéastes les plus importants de l'Histoire du cinéma, n'avait pas peur du scandale. Avec Théorème, qui ressort en salles le 23 novembre, il a créé un véritable tollé à son époque, risquant la prison !

Sorti en France le 25 janvier 1969, Théorème revient dans les salles obscures en version restaurée le 23 novembre grâce à Tamasa Distribution.

Réalisé par Pier Paolo Pasolini, le film suit une famille de grands bourgeois milanais : le père, la mère, le fils, la fille et une servante. Cette famille mène l'existence de son milieu jusqu'au jour de l'arrivée d'un singulier visiteur.

C'est un jeune homme très beau d'environ vingt-cinq ans, parlant très peu, très aimable. Sa venue va bouleverser la vie de ce foyer : il va peu à peu s'introduire profondément dans cette famille et lier avec chacun de ses membres des relations passionnelles et physiques.

La présence de cet inconnu dans la maison semble effacer tout ce qui existait avant sa venue. Par son contact, chacun prend conscience de ce qu'il est réellement et s'interroge sur l'importance des valeurs qui ont été sa vie jusqu'ici.

Ce personnage énigmatique est incarné par Terence Stamp, qui va envoûter cette famille par sa nonchalance, sa beauté et son regard d'acier. Il donne la réplique à la légendaire actrice italienne Silvana Mangano, qui interprète Lucia, la mère. Le père est campé par Massimo Girotti et la fille par la comédienne française Anne Wiazemsky.

"Le visiteur est un personnage nouveau de notre histoire : il est nouveau et extraordinaire. Extraordinaire, d'abord par sa beauté : une beauté tellement exceptionnelle qu'elle prévaut scandaleusement sur tous les assistants", expliquait Pier Paolo Pasolini.

"En l'observant bien, on pourrait le prendre pour un étranger, non seulement pour sa haute stature et le bleu de ses yeux, mais parce qu'il est complètement privé de médiocrité et de vulgarité, à un tel point qu'on ne peut pas l'imaginer comme faisant partie d'une famille de petits bourgeois. On ne peut certainement pas dire que sa sensualité est innocente", analysait le metteur en scène italien.

Théorème a été présenté à la Mostra de Venise en 1968, une édition marquée par l'agitation politique de l'époque et un parfum de scandale. Laura Betti y a décroché le Prix d'interprétation féminine pour sa performance dans le rôle d'Emilia, la servante. Le film a également remporté le Grand Prix de l'Office Catholique du Cinéma.

"Ni ce prix, ni un accueil chaleureux et réconfortant de la critique internationale et spécialement française, n'ont une fois encore pas empêché des plaintes d'être déposées sous le prétexte d'obscénité. J'ai été jugé à Venise. J'ai risqué plusieurs mois de prison. J'ai finalement été acquitté", a confié Pasolini à l'époque.

En effet, point culminant des attaques à l'encontre de Théorème : un procès s'est ouvert à l'automne 1968 pour "obscénité", à l'initiative d'un avocat romain, qui a obtenu la saisie des copies. Mais le cinéaste, sur lequel pesait une menace d'emprisonnement, sera finalement blanchi. Théorème, un temps écarté des écrans, a donc été de nouveau programmé dans les cinémas.

Avec Théorème, Pier Paolo Pasolini n'en était pas à son premier scandale (L'Evangile selon Saint Matthieu, La Ricotta ont été violemment contestés). Son prix de l'Office Catholique à Venise n'a pas empêché le Vatican de condamner cette oeuvre jugée "moralement dangereuse".

Par la suite, Salò ou les 120 Journées de Sodome, dernier film de Pasolini avant sa mort en 1975, provoquera une polémique encore plus retentissante.

Théorème est ressorti au cinéma le 23 novembre.

publié le 23 novembre, Vincent Formica, Allociné

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