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Il y a 45 ans, ce légendaire réalisateur signait son premier film et y jouait une scène osée. L'avez-vous reconnu ?

© capture d'écran MUBI

Il y a 45 ans, un cinéaste inconnu dévoilait un film audacieux. Une scène provocante marquait déjà sa signature. Découvrons cette œuvre culte.

Un premier film au parfum de scandale

En 1980, l'Espagne découvre Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, premier long-métrage d'un jeune réalisateur audacieux, Pedro Almodóvar. Le film, tourné avec un budget modeste en 16 mm, reflète l'effervescence de la Movida madrilène, ce mouvement culturel post-franquiste où l'art et l'irrévérence prenaient le pas sur les conventions après 36 ans de dictature.

L'intrigue suit trois femmes hors normes : Pepi (Carmen Maura), une femme indépendante cherchant à se venger d'un policier qui l'a violée ; Luci (Eva Siva), une femme masochiste piégée dans un mariage destructeur ; et Bom (Alaska), une rockeuse sadique. Ensemble, elles forment un trio explosif, brisant les tabous et dynamitant les valeurs traditionnelles.

À travers un mélange d'humour corrosif, de provocation et d'exubérance visuelle, le film expose une société espagnole en quête de libération, autant sexuelle qu'artistique.

La scène des "érections générales" : un manifeste subversif

Parmi les séquences mémorables du film, celle des "érections générales" incarne le mieux l'esprit provocateur du réalisateur. Lors d'une fête débridée, un maître de cérémonie, joué par Almodóvar lui-même, organise un concours absurde et cru : mesurer la taille des sexes en érection des participants. Cette scène, à la fois provocatrice et burlesque, illustre parfaitement le rejet des normes et la quête de liberté qui animent le film.

À l'époque, cette scène était un affront direct à la morale imposée par le régime franquiste, qui venait à peine de s'effondrer. En rendant visible ce qui était jusque-là tabou, Almodóvar transforme la provocation en acte politique. Loin de se limiter à la vulgarité, le moment devient une déclaration de liberté artistique et sexuelle, marquant le début d'une carrière où l'audace serait reine.

Quand l'irrévérence devient culte

Aujourd'hui, Pepi, Luci, Bom... est considéré comme une œuvre culte, symbole d'une Espagne qui renaît. Ce premier essai annonçait déjà les thèmes chers à Almodóvar : la fluidité des genres, la complexité des relations humaines et la rébellion contre les normes établies.

Malgré ses imperfections techniques et narratives, le film possède une énergie brute qui continue de fasciner. La scène des "érections générales", autrefois décriée, est aujourd'hui vue comme une pièce maîtresse de la révolution culturelle des années 80. Pedro Almodóvar, alors débutant, prouvait déjà que rien ne pouvait freiner sa créativité ni son désir de bousculer le statu quo.

Et si vous êtes inconditionnels de Pedro Almodóvar, ne manquez pas en salles son magnifique premier long-métrage en langue anglaise, La Chambre d'à côté.

Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier est à présent disponible sur MUBI, à l'occasion d'un cycle sur les premiers films.

publié le 11 janvier, Emilie Semiramoth, Allociné

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