Here de Robert Zemeckis : comment l'intelligence artificielle a-t-elle été utilisée ?
© SND / capture d'écran
Robert Zemeckis, réalisateur de nombreux films novateurs comme "Forrest Gump" et "Retour vers le futur", expérimente à nouveau, avec "Here". Un film précurseur dans son usage de l'intelligence artificielle. Explications.
Sorti mercredi dernier, Here - Les plus belles années de notre vie réunit l'équipe de Forrest Gump, avec Robert Zemeckis à la réalisation, Eric Roth au scénario, et le tandem Tom Hanks et Robin Wright dans les rôles principaux.
Coutumier des expérimentations technologiques, Robert Zemeckis se distingue à nouveau avec ce film en ayant recours à l'intelligence artificielle générative. En clair, une intelligence artificielle permettant de générer des images.
Un film tourné en 33 jours en studio à Londres pour un budget de 50 millions de dollars. Sans détour, Robert Zemeckis explique que Here est le film le plus difficile qu'il ait eu à faire. Car la particularité du film est que tout le film se passe en plan fixe, dans un même cadre, au sein duquel vont évoluer des personnages, à différentes époques, grâce à un système ingénieux de cadres apparaissant, puis disparaissant. Le principe du film est le même que le roman graphique qu'il adapte, Ici de Richard McGuire.
Comment l'intelligence artificielle a été employée dans le film ?
L'IA générative a été utilisée de bout en bout, afin de rajeunir ou vieillir les acteurs apparaissant dans le film. Afin de représenter les comédiens à des âges différents, de l'adolescence au troisième âge, l'équipe a collaboré avec le studio d'effets visuels Metaphysic, qui a utilisé des milliers d'images d'archives, à la fois de films mais aussi d'interviews, de Tom Hanks, Robin Wright et des autres acteurs pour créer des maquillages numériques.
Dans les colonnes de Wired, il est précisé que l'usage de Metaphysic permet de générer des mouvements faciaux, des textures de peau et changer l'éclairage et les angles de caméra.
Le plus de cette technologie ? Il n'est plus nécessaire de faire de la post-production manuellement pendant des mois; tout apparait en temps réel à l'écran. Le producteur Derek Hogue détaille : "Cette technologie nous permet de savoir à quoi ressemblera une personne à un âge donné. [...] D'une certaine manière, cette technologie est plus souple et plus pratique que la technique traditionnelle car elle permet aux micro-expressions des comédiens de se manifester."
Par technique traditionnelle, on peut entendre soit l'utilisation de capteurs qui permettront ensuite d'agir numériquement sur les images tournées, soit un port de prothèse, soit un mélange des deux. "C'est l'une des choses que Robert a toujours détestée dans les prothèses : il est difficile pour l'acteur de bouger et d'exprimer ses émotions comme il le ferait naturellement", précise Derek Hogue.
Un système de double écran pour voir la génération des images en temps réel
Comme on peut le lire dans Variety, le réalisateur Robert Zemeckis a eu recours à l'usage de deux écrans pour regarder simultanément ce qu'il était en train de filmer, et comment l'image était modifiée avec l'usage de l'IA générative. Robert Zemeckis souligne que ce film n'aurait pas pu exister il y a encore 3 ou 5 ans.
Précisons, via The New York Times, que cette année, cette technologie a également été visible dans deux autres films, pour pouvoir faire revenir des acteurs décédés. Il s'agit de Furiosa (pour faire renaitre le personnage joué par Richard Carter à l'époque) et de Alien Romulus (et l'acteur Ian Holm). Cet usage de l'IA générative a été décrié par certains, à l'image de ce post sur le réseau social X.
("#AlienRomulus a suscité un certain degré d'indignation pour l'utilisation de CGI et d'IA pour "ramener" Ian Holm pour jouer Rook. L'acteur est décédé en 2020. La même situation s'est produite avec Richard Carter, qui jouait Bullet Farmer dans #Furiosa, décédé en 2019.")
Faut-il s'inquiéter de ce recours à l'IA pour un film dans sa totalité ? Le cinéaste a répondu à nos confrères de Canal + : "Nous devons nous prémunir contre ce que pourra faire l'IA. Mais pour ce que j'en fais, c'est à dire créer des images pour des films, ce sont juste des calculs informatiques très rapides, ce n'est rien de dangereux ou diabolique".
A Variety, il précise qu'aucun département technique du film n'a été éliminé de la fabrication du film. Il y avait toujours une équipe HMC (habillage, maquillage, coiffure) ou des gens en charge des effets spéciaux, collaborant tous ensemble, indique Zemeckis. Il y a aussi eu un travail de postproduction pour pour compléter des prises de vues.
publié le 13 novembre, Brigitte Baronnet, Allociné