Harcèlement dans le milieu du cinéma : Isabelle Adjani prend la parole

©Lionel Hahn, Abaca
Jusqu'ici, Isabelle Adjani s'était peu exprimée sur les abus présents dans le monde du cinéma. Mais face aux révélations d'Adèle Haenel, l'actrice a accepté d'évoquer le sujet dans Le Monde.
En 2017 après l'affaire Weinstein, les actrices sont petit à petit sorties de l'ombre pour raconter publiquement les sévices qu'elles ont subis. La dernière en date est l'actrice Adèle Haenel, qui a révélé avoir été victime d'attouchements sexuels lorsqu'elle était mineure de la part d'un réalisateur.
Face à ces nombreux témoignages et après que Isabelle Huppert a proposé une mesure de protection, Isabelle Adjani a pris la parole dans Le Monde, pour évoquer le harcèlement présent dans le monde du cinéma : "La décision d'Adèle Haenel de porter plainte augmente véritablement en France la mise en mouvement de cette libération féminine, déclenchée par #metoo, en dépit d'incidents saboteurs comme cette tribune collective sur 'la liberté d'importuner', car il ne faut pas oublier que certaines femmes peuvent être également des gardiennes du machisme."
"Être un objet de désir ne doit pas conduire les actrices à subir"
Si l'actrice ne rentre pas dans les détails, elle admet tout de même des mésaventures personnelles : "Bien sûr que, au cours de ma carrière, certaines choses m'ont affectée, fragilisée et ont laissé des traces." Et ajoute : "Nous, les actrices, évoluons souvent en commençant jeunes, dans un espace constitué par le désir d'un homme ou d'une femme et par notre propre désir à nous d'être filmées, choisies, engagées. Or, il y a une confusion qui fait partie de la célébration du mythe de l'actrice. Être un objet de désir ne doit pas conduire les actrices à subir, notamment la prise de pouvoir sur leur corps, pas plus qu'une disponibilité de chaque instant en dehors du travail. C'est surprenant de voir le nombre impressionnant de femmes qui, depuis deux ans, autour de moi, se découvrent et révèlent qu'elles ont été violées ou harcelées."
publié le 17 décembre, Mégane Bellée