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Gérard Depardieu : nouvelles tribunes, répercussions à l'international... Le point sur l'affaire qui secoue le cinéma français

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Les tribunes se multiplient contre Gérard Depardieu. Libération vient d'en diffuser une nouvelle : "L'art n'est pas un totem d'impunité". Pendant ce temps, la Suisse et la Belgique ont décidé de mettre en pause la diffusion de films avec l'acteur.

Gérard Depardieu est visé par plusieurs accusations et plaintes pour des faits d'agression sexuelle. Depuis la diffusion de l'émission Complément d'enquête, l'acteur est dans la tourmente et les tribunes et contre-tribunes se multiplient.

Pour mémoire, l'acteur a choisi de ne plus tourner en attendant que la justice rende son verdict. Il a publié une lettre ouverte afin de démentir les accusations dont il fait l'objet.

On fait un nouveau point sur tout ce qu'il faut savoir de l'affaire.

Plusieurs nouvelles tribunes

Les contre-tribunes et pétitions se multiplient depuis quelques jours. Ces initiatives sont en réaction à une première tribune en soutien à Gérard Depardieu publiée par Le Figaro le 25 décembre 2023.

"N'effacez pas Gérard Depardieu" : 55 personnalités publient une tribune en soutien à l'acteur

La dernière tribune en date a été publiée par Libération, ce matin dans la version papier, et hier 1er janvier en ligne, sous le titre "L'art n'est pas un totem d'impunité".

"Alexandra Lamy, Thomas Jolly, Muriel Robin, Swann Arlaud... un collectif de plus de 150 personnalités du monde de la culture réagissent à la tribune de soutien à l'acteur Gérard Depardieu. Défendre l'art, c'est aussi dire qu'être artiste ne doit pas nous exonérer de toute responsabilité", est-il écrit en préambule.

Toujours dans les colonnes de Libération, on peut lire le texte de la journaliste et autrice Giulia Foïs, sœur de Marina Foïs très engagée sur les questions de violences sexistes et sexuelles. La tribune est à retrouver sous le titre "Affaire Depardieu : c'est l'heure de notre examen de conscience".

Le 31 décembre, Mediapart diffuse quant à lui "Depardieu - Adresse au vieux monde" :

"Dans une adresse à celles et ceux qui piétinent la cause des femmes en défendant Gérard Depardieu, les signataires de cet appel plaident pour « une société où les femmes seront respectées et où les hommes auront moins souvent peur d'être associés à des mâles prédateurs »."

Et d'ajouter : "Les initiatrices et initiateurs de ce nouvel appel ont néanmoins souhaité le rendre public, car il complète et prolonge le précédent [relayé par Cerveaux non disponibles]."

Le collectif Me Too Media a également lancé sa tribune, en réaction aux propos tenus par Emmanuel Macron (voir plus bas) : "Affaire Depardieu : Monsieur le président, vos paroles dénient à toutes les femmes victimes de violence le droit à être entendues et crues"

Enfin, la tribune ayant à ce jour réuni le plus de signatures a été impulsée par Cerveaux non disponibles. A présent fermée à de nouvelles signatures, elle en totalise plus de 8 000.

Appelant à briser "la loi du silence", mettre "la lumière sur la vérité" et choisir "la fin des zones d'ombre", les signataires revendiquent leur opposition à la tribune parue dans Le Figaro le 25 décembre et signée par 55 célébrités du monde la culture, dont certains ont depuis décidé de retirer leur signature (lire ci-dessous) ou déclaré ne pas se sentir à l'aise avec la personnalité et les idées de Yannis Ezziadi, l'auteur controversé à l'origine de l'appel en faveur de Depardieu.

Lire la tribune complète

Notons enfin que des artistes continuent à s'exprimer dans les médias, comme l'actrice Laure Calamy, ce matin sur France Inter, et déjà signataire de la tribune "Adresse au vieux monde".

"C'est un #MeToo à la française qui est en train de se passer. Quand on voit la difficulté que c'est de porter plainte, surtout face à un homme puissant, les déclarations du président de la République sont un camouflet face au courage qu'ont ces femmes de porter plainte."

Mise à jour du 4 janvier 2024 : Une nouvelle prise de position a beaucoup réagir, celle du comédien Kev Adams. Interrogé à l'occasion d'une avant-première du film Maison de retraite 2, il a fait part de son admiration pour l'acteur :

"Je pense que c'est certainement le plus grand acteur français. Sans aucun doute, d'ailleurs. Moi, j'ai adoré travailler avec lui, j'ai appris beaucoup. Et évidemment, il n'a jamais eu de comportement déplacé que ce soit verbal ou physique sur le plateau de tournage."

Il poursuit : "Maintenant, je pense que beaucoup d'entre vous ont vu des images assez choquantes ou ont entendu parler d'images assez choquantes", avant de donner son avis personnel, "Évidemment, je me plie totalement à la justice, il a été offensant, agressif. S'il a été irrespectueux de quelconque manière que ce soit, avec qui que ce soit, évidemment qu'il doit être puni pour ça, peu importe ce qu'il a fait ou ce qu'il a construit. Maintenant, moi, je n'ai pas assisté à ça, je ne l'ai pas vu de mes yeux."

Et d'ajouter : "Oui, j'ai beaucoup d'amour pour ce mec-là et je trouve que c'est un très très grand. J'espère que tout ira pour le mieux pour lui et si ce n'est pas le cas, c'est que la justice en aura décidé autrement parce que ce sera certainement justifié et mérité. Mais pour l'instant, je lui souhaite le meilleur."

Ces signataires qui ont fait marche arrière depuis la publication de la tribune de la discorde

Le 25 décembre, Le Figaro relayait une tribune en soutien à Gérard Depardieu réunissant les signatures de 55 personnalités, intitulée "N'effacez pas Gérard Depardieu.".

Parmi les signataires de la tribune figurent le réalisateur Bertrand Blier, les actrices Nathalie Baye, Carole Bouquet et Charlotte Rampling, les acteurs Jacques Weber, Pierre Richard et Gérard Darmon, ainsi que les chanteurs Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle et Jacques Dutronc.

Depuis, de nombreux signataires ont fait part de leur regrets et/ou réserves de l'avoir signé. C'est le cas de Jacques Weber à travers un texte diffusé dans Mediapart.

Pierre Richard est également revenu sur sa signature :

Idem pour Charles Berling :

Invitée de BFM TV, Nadine Trintignant s'est également désolidarisée de cette tribune. "J'ignorais en signant cette tribune par qui elle était écrite", a expliqué Nadine Trintignant. "Je demande aux personnes que j'ai choquées de ne pas m'en vouloir de ma grave erreur."

Roberto Alagna regrette lui aussi d'avoir signé la tribune de soutien à Depardieu : "Me suis-je fait piéger ? J'étais à New-York lorsque l'on m'a contacté à propos d'une pétition dénonçant le lynchage médiatique d'un homme, la censure et l'effacement total d'un artiste, de son histoire et de son œuvre.

La demande était urgente, cette pétition devait être publiée en toute hâte dans les heures qui suivaient. Sur la base de cette seule présentation, j'acceptais d'en être solidaire, sans même avoir lu l'écrit."

"L'ancien président de la Cinémathèque Serge Toubiana confie lui aussi ne pas connaître l'auteur des mots qu'il a signés", indique Le Parisien.

Pour mémoire, Yvan Attal, invité sur le plateau de BFMTV le 28 décembre, s'était justifié : "Moi aussi, j'ai un malaise parce que j'ai signé cette pétition qui ne me va pas totalement, mais je l'ai signée parce qu'il y avait quelque chose de plus fort que ce qui me dérangeait dans cette pétition", explique-t-il.

Et d'ajouter : "Je ne suis pas d'accord pour dire qu'il pourrait bénéficier d'une impunité totale. Si cette tribune dit ça et si certains ont lu ça, alors je me défausse totalement".

Le réalisateur Patrice Leconte a également fait part de regrets : "Je regrette de l'avoir signée", a-t-il dit sur LCI.

Jean-Claude Dreyfus s'est lui aussi retiré de cette tribune :

A son tour, Carole Bouquet semble se désolidariser de cette tribune, comme elle l'a exprimé sur son compte Instagram ce vendredi 29 décembre : "J'ai signé une tribune pour Gérard Depardieu, cependant, je ne soutiens pas les idées et valeurs associées au journaliste porteur de cette tribune. Lui donner de la visibilité par l'entremise de Gérard me met, comme vous pouvez l'imaginer, profondément mal à l'aise."

Précisons que Carole Bouquet a depuis retiré son post Instagram.

La comédienne Lucie Lucas (Clem) a quant elle fait part de sa colère en découvrant les signataires de cette tribune, parmi lesquelles se trouve sa partenaire de jeu, Victoria Abril. "Je ne suis pas surprise que tu aies signé ce torchon", lance-t-elle à l'actrice.

Lucie Lucas a ensuite pris la parole sur franceinfo le 28 décembre 2023 pour donner davantage d'explications, puis fait part de ses regrets sur Instagram :

Le 29 décembre 2023,Libération indique que l'avocat de Victoria Abril annonce qu'elle va porter plainte pour diffamation contre Lucie Lucas.

Autre réaction, celle de la comédienne Vahina Giocante qui a tourné à plusieurs reprises avec Gérard Depardieu.

"J'ai tourné trois films avec ce monstre dit « Sacré » je l'ai vu dans son meilleur jour avec Claude Chabrol. Il le respectait et se tenait tant bien que mal à carreau !!! Mais je l'ai vu aussi être comme un animal sauvage, sans pitié pour ceux qui tremblent devant lui.

Je l'ai observé, comme tant d'autres, abuser les plus faibles , faire pleurer des jeunes femmes et des moins jeunes. Comme un enfant plus fort que les autres dans la cour de récré qui cherche les limites en harcelant les plus fragiles.

Dieu sait si il les cherchait les limites et personne ne les lui donnait, ce qui lui permettait d'aller un peu plus loin, de tester son autorité, sa toute puissance ! Je pense que c'était surtout un monstre de souffrance et sans vouloir excuser son comportement déviant, nous avons tous dans ce petit milieu du cinéma une responsabilité par notre silence, notre complaisance, ou notre lâcheté !

Personne, ou si peu, lui ont dit « Stop » . Il était impressionnant par sa corpulence et son charisme, certes, mais aussi si faible, si misérable que ça pouvait le rendre parfois aussi touchant que détestable.

Maintenant il y a toutes ces femmes humiliées, heurtées, traumatisées même , il y en a tant, il y a celles qui ont le courage de parler et celles qui ne veulent pas de vagues."

Lire le texte entier ci-dessous, partagé sur le compte Facebook de la comédienne :

Rappelons que précédemment, Anouk Grinberg s'est elle aussi exprimée sur le sujet. "Tous ceux qui ont travaillé avec Gérard Depardieu savent qu'il agresse les femmes", disait-elle dans un entretien avec le magazine Elle en octobre 2023.

Anouk Grinberg connaît personnellement Charlotte Arnould, la première femme à avoir porté plainte contre Gérard Depardieu, et elle a tourné avec le comédien dans Merci la vie en 1991 et dans Les Volets verts en 2020. Elle était la compagne du metteur en scène Bertrand Blier, avec lequel l'acteur a tourné à 9 reprises.

Sophie Marceau, qui a, elle aussi, tourné plusieurs fois avec Gérard Depardieu a également renouvelé sa prise de parole sur Gérard Depardieu : "Sa vulgarité et la provocation ont toujours été son fonds de commerce", indique-t-elle.

"Aujourd'hui, on l'accuse de ce pour quoi on l'a encensé. Tout le monde riait avec lui, tout le monde l'aimait pour ça, tout le monde l'applaudissait pour ce qu'il était. Et tout le monde trouvait ça normal. Désormais, les femmes parlent. Que tu sois Gérard Depardieu ou Maurice Pialat [réalisateur de Police], tu ne traites pas les gens comme ça, point barre".

Quelles répercussions à l'international ?

Plusieurs diffuseurs internationaux ont choisi de modifier leur programmation cinéma, en répercussion de la tourmente médiatique autour de Gérard Depardieu. La télévision publique suisse (RTS) a écarté de sa programmation les films dans lesquels Gérard Depardieu incarne "un des rôles principaux", explique Le Parisien.

Et d'ajouter : "« Depuis les dernières révélations au sujet de Gérard Depardieu, la RTS évite de proposer des films où il incarne un des rôles principaux. Un ou deux métrages ont ainsi été mis de côté en cette période de Fêtes », a déclaré Marco Ferrara, confirmant une information de l'hebdomadaire suisse Matin Dimanche.

« Lorsque nous sentons que le public peut se sentir majoritairement heurté par une œuvre ou une personnalité jusque-là acceptée, nous l'écartons ponctuellement de notre programmation ».

Depuis mi-décembre, la télévision publique belge (RTBF) a également revu sa programmation, selon Courrier International. "Le groupe audiovisuel public a annoncé qu'il allait "retirer les films qui mettent Gérard Depardieu en avant en lui consacrant un rôle principal".

Le directeur du pôle médias du groupe, Xavier Huberland, a également expliqué que la RTBF ne tenait pas "à lui faire la moindre promotion par les temps qui courent". "Néanmoins, des programmes où son apparition reste plus 'réduite' seront toujours diffusés sur les différentes chaînes de la RTBF.""

Côté service public français, Manuel Alduy, directeur du cinéma de France Télévisions, a expliqué qu'il ne produirait plus de projets dans lesquels il serait la vedette, mais il n'est pas question d'"annuler" l'acteur. Il n'est pas prévu de suspendre la diffusion de ses films.

Quelles sont les plaintes visant Gérard Depardieu ?

Mis en examen depuis décembre 2020 pour "viols et agressions sexuelles" suite à la plainte de la comédienne Charlotte Arnould, et accusé de violences sexuelles par 15 autres femmes, Gérard Depardieu, 74 ans, est visé par une seconde plainte.

La comédienne Hélène Darras a porté plainte contre l'acteur en septembre 2023, comme l'a indiqué France Info le 6 décembre dernier.

Cette plainte pour agression sexuelle concerne le tournage du film Disco de Fabien Onteniente, en 2007. Le parquet de Paris a confirmé à nos confrères avoir reçu cette plainte le 10 septembre 2023, et "étudie quelle orientation lui donner".

"Sa plainte, dénonçant des faits qui se seraient produits en 2007, pourrait être prescrite. Le délai en matière d'agressions sexuelles est en effet de six ans", précise le site.

Elle intervient dans le sillage de la diffusion du Complément d'enquête "Gérard Depardieu : la chute de l'ogre", le jeudi 7 décembre à 23h00 sur France 2. L'actrice Hélène Darras témoigne de ce tournage dans le documentaire et a porté plainte peu de temps après avoir participé à l'émission.

"Que se passait-il vraiment sur les plateaux de tournage et en coulisses ? Nous avons enquêté dans le milieu très fermé du cinéma français. Si face caméra, les têtes d'affiche esquivent et les langues se délient difficilement, sous couvert d'anonymat, certains affirment que beaucoup savaient mais ne disaient rien, l'acteur aurait été protégé par son aura et sa toute puissance dans le 7ème art, peut-on lire en sommaire de l'émission.

Nous révélons le récit inédit d'une femme qui se dit victime de l'acteur, nous reviendrons avec de nouveaux témoignages sur cet article de 1978 passé inaperçu à l'époque et dans lequel l'acteur racontait pourtant avoir été impliqué dans des viols dans sa jeunesse, ce qu'il conteste aujourd'hui."

Rappelons qu'avant cette émission Complément d'enquête sur France 2, Mediapart avait donné la parole à 13 de ces femmes, dans une longue enquête publiée au mois d'avril dernier. L'acteur, présumé innocent, avait démenti "formellement l'ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale".

Le 16 février 2024, une nouvelle plainte pour agression sexuelle a été déposée contre Gérard Depardieu, a révélé Le Courrier de L'Ouest. Une ancienne assistante dénonce des attouchements et propos obscènes sur le tournage d'un film de Jean-Pierre Mocky qui a eu lieu en 2014, près d'Angers.

Quelle défense pour Gérard Depardieu ?

Gérard Depardieu garde le silence. Il a refusé d'être interviewé par l'émission Complément d'enquête afin d'y apporter une réaction aux différents témoignages. Sa dernière prise de parole publique sur le sujet s'est faite par le biais d'une lettre ouverte, publiée par Le Figaro le 2 octobre 2023.

En voici un extrait :

"Je ne peux plus consentir à ce que j'entends, ce que je lis sur moi depuis quelques mois. Je croyais m'en foutre, mais non, en fait non. Tout cela m'atteint. Pire encore, m'éteint. Aujourd'hui, je ne peux plus chanter Barbara parce qu'une femme qui voulait chanter Barbara avec moi m'a accusé de viol. Je veux enfin vous dire ma vérité.

Jamais au grand jamais je n'ai abusé d'une femme. Faire du mal à une femme, ce serait comme donner des coups de pied dans le ventre de ma propre mère.

Une femme est venue chez moi une première fois, le pas léger, montant de son plein gré dans ma chambre. Elle dit aujourd'hui y avoir été violée. Elle y est revenue une seconde fois. Il n'y a jamais eu entre nous ni contrainte, ni violence, ni protestation. Elle voulait chanter avec moi les chansons de Barbara au Cirque d'Hiver. Je lui ai dit non. Elle a déposé plainte.

Alors, me dit-on, elle était sous emprise. Mais on est tous sous emprise. Moi-même je suis sous emprise : mon ADN, la famille, la société, l'argent... Si elle a été sous emprise, c'était sous sa propre emprise, elle n'a jamais été sous mon emprise."

Côté artistique, la carrière de Depardieu est à l'arrêt. Lui qui au sommet de sa carrière pouvait aligner jusqu'à 10 films par an (en 2000, son année la plus faste) n'est plus associé au moindre projet. Son dernier film en date, Umami, est sorti sur nos écrans le 17 mai 2023, et attiré un peu de plus de 43 000 spectateurs.

La famille de Gérard Depardieu à la rescousse

Après le scandale suscité par la diffusion de Complément d'enquête autour de Gérard Depardieu, la famille de l'artiste est montée au créneau pour prendre sa défense, le 17 décembre 2023.

Dans une tribune publiée dans le Journal Du Dimanche, la famille de l'acteur de 74 ans a réagi au contenu de cette émission, prenant la défense du comédien.

"Bien sûr, nous sommes souvent choqués par les propos de Gérard, mais notre père/grand-père/oncle est livré à une cabale inédite, après la manipulation monstrueuse pratiquée par un journaliste qui n'a pas hésité à fouiller dans les poubelles pour y repêcher les images des chutes du film de Yann Moix tourné en Corée du Nord", ont déclaré trois de ses enfants, Julie, Roxane et Jean Depardieu, ainsi que sa nièce Delphine et sa petite-fille Élisabeth.

La famille de Gérard Depardieu dénonce une "rage collective" contre le comédien. "Dans le privé, avec ses enfants, c'est quelqu'un d'extrêmement pudique, délicat et même pudibond !", soutiennent-ils.

Pour son entourage, les images tournées en 2018 en Corée du Nord sont sorties de leur contexte : "Ce journaliste réalise une véritable mise en scène, procédant par plans de coupe dont on sait qu'ils sont nécessairement suspects puisqu'on peut les monter comme on le veut", estiment-ils.

"Nous assistons effrayés à cette démence collective terrifiante, cette confusion totale qui dépasse la personne de Gérard. Nous appelons juste à la raison et à laisser travailler la justice", a conclu la famille du comédien.

Par ailleurs, ce dernier a fait savoir qu'il mettait sa Légion d'honneur "à la disposition" de la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak. Cette distinction lui avait été remise par le président Jacques Chirac en 1996.

"Un conseil de l'ordre va se réunir et va engager une procédure disciplinaire pour décider si cette Légion d'honneur doit être suspendue ou pas, retirée ou pas. Je comprends qu'elle puisse être faite", a confié la ministre de la Culture dans l'émission C à vous. Gérard Depardieu "fait honte à la France", a-t-elle ajouté.

Cependant, selon le JDD, cette décision aurait été prise sans consultation du président Emmanuel Macron. Selon le journal, ce dernier aurait été "furieux" de l'initiative de Rima Abdul-Malak.

"L'annonce a été faite sans en informer au préalable le président de la République. En privé, le chef de l'État rappelle pourtant qu'il est le grand maître de la Légion d'honneur, et se déclare surpris que la ministre, son ancienne conseillère à l'Élysée, ne l'ait pas consulté", a révélé le JDD.

Emmanuel Macron s'exprime

Le mercredi 20 décembre, le président Emmanuel Macron a employé les termes d'une "chasse à l'homme". "Depardieu a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier ; il rend fière la France", a-t-il déclaré sur le plateau de C à vous sur France 5.

"Il y a parfois des emballements sur des propos tenus, je me méfie du contexte, j'ai compris qu'il y avait des polémiques sur les mots qui étaient en décalage avec les images", avait-il expliqué, évoquant un passage controversé de Complément d'enquête où Depardieu est vu en train de tenir des propos obscènes et de sexualiser une fillette faisant du poney.

Face aux allégations de manipulation des images, "un huissier de justice, commissaire de justice et audiencier au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, mandaté par France Télévisions, a établi un constat après avoir visionné les images du tournage en Corée utilisées dans cet extrait", indique France Info. Ainsi, l'huissier a pu authentifier la véracité de ces images.

"Habituellement, nous ne montrons nos rushs à personne, pas même à la justice, car cela relève du secret des sources. Mais dans ce contexte d'avalanche de fake news dont l'émission Complément d'enquête est victime, nous avons décidé de les montrer exceptionnellement à un huissier de justice pour attester de la rigueur de notre travail", a affirmé Tristan Waleckx, l'animateur de l'émission.

Le début d'un nouvel acte de #MeToo en France ?

Est-ce un nouvel acte dans le mouvement #MeToo en France ? Il est encore trop tôt pour l'affirmer, mais l'écoute se libère sur le sujet, tout comme les déclarations se multiplient, provoquant un nouveau séisme dans le cinéma français.

En novembre 2019, suite à la prise de parole d'Adèle Haenel, nous avions consacré un podcast sur la question de Me Too en France.

Pour cette émission, nous recevions la journaliste avec qui tout a commencé, Marine Turchi, enquêtrice à Mediapart. Nous étions revenus sur le making-of de ce témoignage, d'abord à l'écrit, puis en direct sur Mediapart, qui a généré des centaines et des centaines de réactions sur les réseaux sociaux.

Pourquoi la prise de parole d'Adèle Haenel a-t-elle eu un impact aussi fort ? Bien plus, par exemple, que l'enquête révélée également par Mediapart, autour de Luc Besson ? L'émission revient également sur une certaine "omerta" qui règne dans le cinéma français. Selon Marine Turchi, qui a également beaucoup enquêté dans le secteur de la politique, "il y a des résistances énormes dans le milieu du cinéma".

publié le 2 janvier, Loriane Cladec, Allociné

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