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EXCLU - L'Odyssée : interview croisée de Lambert Wilson et Pierre Niney

Pierre Niney et Lambert Wilson lors de l'interview pour le film

© Roxane Mansano, DR

À l'affiche de "L'Odyssée", Lambert Wilson et Pierre Niney sont père et fils à l'écran. Offrant une excellente interprétation de Jacques-Yves et Philippe Cousteau, les deux acteurs dévoilent toute la complexité de la relation qui existait entre ces deux hommes.

Avec "L'Odyssée", le réalisateur Jérôme Salle redonne vie à la Calypso ! À travers un voyage de deux heures, le long-métrage tourné entre la Croatie, l'Afrique du Sud, les Bahamas ou encore l'Antarctique, enchante de par ses images. L'histoire, toute aussi captivante, se concentre sur le commandant Cousteau, un homme passionné, avide de reconnaissance, exigeant, puis militant écologiste, ainsi que sur sa relation avec son deuxième fils, Philippe. Le temps d'une interview croisée avec Lambert Wilson et Pierre Niney, les deux hommes nous dévoilent ce qu'ils pensent réellement l'un de l'autre, entre anecdotes, souvenirs et confidences.

"L'Odyssée" était un tournage ambitieux. Il y a-t-il une scène qui a été plus éprouvante ou difficile à tourner ensemble ?

Lambert Wilson : Au niveau du jeu, même si elle était facile à faire car c'est très agréable de jouer avec Pierre, c'est celle du restaurant. Il y a cette confrontation où père et fils se disent, l'un "J'aurais dû ne pas avoir d'enfant" et l'autre "J'aurais aimé avoir un autre père". Mais le moment le plus difficile c'était lors d'une plongée ensemble. Une eau à neuf degrés, une baleine qui tournait à 15 mètres de nous. J'avais la perruque, le maquillage vieillissant, mes accessoires d'époque et ma palme qui tombaient, les lanières de mes bouteilles qui se cassaient, la lumière qui chutait, le metteur en scène qui s'énervait et des requins en dessous. On faisait seulement une sortie d'eau, mais ça faisait quand même beaucoup de choses à la fois.

Pierre Niney : Celle du restaurant, la confrontation entre le père et le fils. C'est la plus violente ! On savait que c'était une scène importante, qu'on aimait beaucoup tous les deux. On y a chacun mis des choses différentes, de nos personnages, de nos trajectoires, de cette admiration et de cette confrontation en même temps. Malgré ça, c'était presque la scène la plus facile puisqu'on était assis, et que pour une fois, il n'y avait pas les contraintes météorologiques, de bateaux, de marais ou de plongées. Là, c'était du jeu pur, donc c'était aussi beaucoup de plaisir.

Et au contraire, la scène la plus amusante ?

Lambert Wilson : La plus étonnante et la plus mémorable, c'est quand on s'est retrouvés sur une banquise en Antarctique. On a été déposés en zodiac par l'équipe, puis laissés parce qu'on devait être filmés par un drone. On est restés une bonne heure, seuls, sur cette banquise sans pouvoir bouger puisqu'il ne fallait pas laisser de trace sur la neige. C'était une scène un peu surréaliste. On a alors commencé une conversation un peu étrange sur le prix de l'immobilier parisien et les appartements qu'on avait visités l'un et l'autre.

Pierre Niney : La plongée avec les requins. Je ne dirais pas le premier jour parce que tu es un peu dans l'appréhension, mais ensuite c'est génial. C'est un très bon souvenir. Il y a aussi cette scène avec Lambert, où on devait juste sortir de l'eau. C'était le soir en Afrique du Sud, au milieu de l'océan. Une baleine est sortie, genre à 15 mètres de nous. Elle s'est mise à tourner autour de nous, si bien qu'on a dû arrêter la scène. Une deuxième s'est mise à faire de même pendant une demi-heure. On a décidé de recommencer le tournage parce qu'elles faisaient partie de l'aventure. C'est un très grand souvenir, c'était assez dingue d'être aussi proche de cet animal gigantesque.

Maintenant que vous avez partagé tous ces mois ensemble pour le tournage, quelle est la qualité que vous admirez le plus l'un chez l'autre ?

Lambert Wilson : Il est extrêmement intelligent, très rapide et aussi très bosseur. Mais je pense que sa plus grande qualité, et elle est très rare chez les acteurs, c'est la dignité qu'il a dans le comportement. Il a une éthique, c'est pas du tout quelqu'un qui aime dire du mal sur les gens. Il n'est pas dans les travers que partagent parfois les gens de cinéma.

Pierre Niney : Sa bienveillance et sa pudeur en même temps. Le calme et l'élégance de Lambert sont vraiment les bienvenus, surtout quand on vit un tournage très extrême, qu'on partage beaucoup de choses et que tout devient très intense sur un tel périple.

Et comme personne n'est parfait, un défaut ?

Lambert Wilson : Oui, il a une vanité. Il a un narcissisme assez adolescent, que j'ai traversé moi aussi. Son talon d'Achille, c'est définitivement le rapport qu'il entretient avec son image, ses cheveux, son look. On a envie de lui dire : "C'est bon Pierre tu es sublime, allez laisse tomber, passe." Mais j'ai été comme ça aussi, parce que pour certains acteurs, il y a un mélange entre l'activité d'acteur et tout ce qui a attrait à la beauté, à la jeunesse. On peut être courtisé par des maisons de cosmétiques, de mode, etc. L'apparence compte à ce moment-là, ça rentre dans la réflexion de l'acteur, ça peut être dangereux. Il faut s'en échapper très vite.

Pierre Niney : Lambert est très gentil. Ça va faire faux défaut, mais c'est quand même à ça que je pense. Il est très gentil, voire trop gentil parfois avec les gens. Du coup, je pense que ça lui grappille du temps. Mais en même temps, je suis admiratif. C'est lier ce défaut à une qualité. Il a une vraie curiosité pour plein de choses, et pour plein de gens.

L'odyssée de Jérôme Salle est à découvrir au cinéma dès le 12 octobre. Le film est porté par Lambert Wilson, Pierre Niney, Audrey Tautou, dans le rôle de Simone Cousteau et Vincent Heneine, dans celui d'Albert Falco.

publié le 11 octobre, Roxane Mansano

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