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Disparition de Juliette Gréco : ces séquences chantées mythiques au cinéma

Le charmant minois de Juliette Gréco s'est figé pour l'éternité, mercredi 23 septembre 2020. L'artiste est décédée à son domicile de Ramatuelle, à l'âge de 93 ans. La muse de Saint-Germain-des-Prés avait tiré sa révérence en 2016, disparaissant de l'espace médiatique. Avant cet élégant clap de fin, la chanteuse enchaînait les succès depuis la fin des années 1940, sur scène, mais aussi au cinéma. Parfois, la comédienne mêlait le jeu au chant, comme lors de ces deux scènes mythiques.

"Bonjour tristesse" (1958) d'Otto Preminger

La carrière cinématographique de Juliette Gréco décolle à la vitesse de l'éclair, en parallèle de sa passion musicale. Le pouvoir de séduction de celle qui éveille l'intérêt des grands cinéastes français de l'époque, de Jean-Pierre Melville à Jean Renoir, s'étend en dehors des frontières. Orson Welles, Darryl F. Zanuck, John Huston et d'autres prestigieux noms d'Hollywood l'engagent. En 1958, Otto Preminger l'approche pour lui proposer de faire un caméo dans "Bonjour tristesse". Dans ce nouveau long-métrage, le réalisateur adapte le roman du même nom, signé Françoise Sagan, avec Jean Seberg dans le rôle principal. Elle est Cécile, cette adolescente qui mène la grande vie, que ce soit à Paris ou en vacances sur la Côte d'Azur. Un soir, Cécile part danser et est hypnotisée par le numéro d'une artiste : Juliette Gréco. En pleine danse, par-dessus l'épaule de son cavalier, la comédienne ne peut détacher son regard de la jeune femme et apparaît tourmentée par les paroles chantées. Ces dernières évoquent une fille perdue, enfermée par le "mur invisible" de son passé. Une bouleversante scène de deux minutes, un temps suspendu mémorable au milieu du film.

"La Châtelaine du Liban" (1956) de Richard Pottier

L'ami de Boris Vian, amante de Miles Davis et future femme de Michel Piccoli rejoint la distribution de cette adaptation d'un livre de Pierre Benoît pour incarner Maroussia. Dans cette aventure en plein désert libanais, les ingénieurs Jean Domèvre (Jean-Claude Pascal) et Mokhrir (Omar Sharif) croisent la route de l'énigmatique comtesse Athelstane Orloff (Gianna Maria Canale), mais aussi du personnage de Juliette Gréco qui donne de la voix dans une scène inoubliable. Dans un petit cabaret au style oriental, l'artiste apparaît au centre du plan, vêtue d'une longue robe blanche fendue jusqu'au genou. Du fin fond de la salle jusqu'à un cadrage comprenant ses hanches, la caméra se rapproche de la star qui entonne Mon coeur n'était pas fait pour ça avant d'être ovationnée. Le coeur des spectateurs, lui, ne s'en est jamais remis.

Juliette Gréco pousse aussi la chansonnette dans "La nuit des généraux" (1967), à découvrir sur la VOD d'Orange.

publié le 24 septembre, Elodie Falco

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