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De Succession à Armageddon Time, Jeremy Strong évoque sa carrière

Après avoir été très remarqué dans la série Succession, Jeremy Strong est une des têtes d'affiche d'Armageddon Time, nouveau long-métrage de James Gray. Rencontre avec le comédien.

Sorti en salles le 9 novembre, Armageddon Time est le nouveau long-métrage de James Gray 3 ans après Ad Astra.

Cette fois, le cinéaste nous entraîne dans un récit très personnel. Il nous raconte l'histoire du passage à l'âge adulte d'un garçon du Queens dans les années 80, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain.

Les cinq premiers films de James Gray avaient pour cadre New York. Le réalisateur s'est ensuite aventuré dans la jungle avec The Lost City of Z puis dans l'espace avec Ad Astra. Armageddon Time marque un retour non seulement à New York, mais aussi dans le quartier de maisons mitoyennes de Flushing, dans le Queens, où il a grandi.

"Je suis allé dans la jungle et dans le cosmos, et j'ai adoré ça. Mais à un moment donné, on comprend que l'infini est en soi. Et, si on parvient à s'exprimer sincèrement et sans détour, c'est ce qu'on peut faire de mieux. Je voulais rentrer à la maison, et faire un film qui serait le plus personnel possible", souligne le cinéaste.

Avec Armageddon Time, le metteur en scène de 53 ans revisite son enfance. Il a grandi avec un frère aîné et des parents tous deux enfants d'immigrés juifs aux États-Unis. Son père, fils de plombier, n'a pas eu une enfance facile, mais il était parvenu à se hisser dans la classe moyenne en devenant ingénieur.

Sa mère était enseignante et présidente de l'association des parents d'élèves. James Gray souhaitait inscrire cette histoire personnelle dans l'histoire américaine et les courants culturels des années 1980. Il s'était lié d'amitié avec un petit garçon noir, avec lequel il avait été surpris à fumer un joint dans les toilettes du collège.

Cet incident n'a pas eu le même impact sur le parcours des deux enfants: "En tant que blanc, je n'avais pas conscience que ma race et ma classe sociale m'octroyaient le bénéfice du doute, me donnaient droit à une deuxième chance, voire une troisième. Le fait de ne pas se rendre compte, de ne pas relever, est un luxe et un privilège immérité. J'ai voulu que mon film scrute les lignes de fracture de classes et de races dans mon pays et les aborde en toute honnêteté."

À cela s'est ajoutée la relation privilégiée qu'il entretenait avec son grand-père, qui lui a permis de développer sa conscience morale.

Par ailleurs, quand le casting a commencé en 2021, James Gray n'avait pas encore regardé la série Succession, dans laquelle joue Jeremy Strong. Ce dernier joue un personnage librement inspiré du père du réalisateur. Sur les conseils d'un ami, Gray s'est lancé dans Succession et a été aussi bien séduit par la série que par le comédien.

Les deux hommes se sont rencontrés par Zoom puis l'acteur est venu à New York pour apprendre tout ce qu'il y avait à savoir sur son père mais aussi sur la vie et l'enfance du cinéaste.

"Il y avait beaucoup de choses à emmagasiner : la musique qu'il écoutait, ses goûts et ses intérêts. On s'est baladés ensemble dans le Queens et c'était pour moi comme une visite guidée de son univers.

Je l'ai bombardé de questions pour essayer de me faire un portrait composite de son père et d'en intégrer certains aspects, l'idée n'étant pas d'en faire une imitation, mais de comprendre la nature de cet homme, son essence", confie l'acteur.

Jeremy Strong revient sur son expérience dans Armageddon Time, évoquant également sa carrière de manière plus globale, dans notre interview vidéo ci-dessus.

Dès le début du tournage, Jeremy Strong arrivait 30 min à 1h en avance dans son costume et parlait des nouvelles du jour, comme s'il vivait dans les années 80. Il sortait rarement de la peau de son personnage. Anne Hathaway lui a emboîté le pas, comme s'en souvient le producteur Marc Butan.

"Ils se mettaient à parler de Jimmy Carter et de Ronald Reagan, de la fermeture de tel ou tel commerce au coin de la rue. Les rôles secondaires arrivaient et entraient dans leur jeu, et quand l'équipe était prête à donner le premier coup de manivelle, ils étaient tous à fond dans leur personnage, et je crois que ça a beaucoup aidé les jeunes acteurs. On avait l'impression de passer le pas de la porte d'une maison de Flushing, à l'époque."

Armageddon Time est sorti en salles le 9 novembre.

Propos recueillis par Maximilien Pierrette

publié le 9 novembre, Vincent Formica, Allociné

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