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Considéré comme détruit, le premier film d'Orson Welles refait surface

Avant "Citizen Kane", son premier film officiel, Orson Welles avait tourné un long métrage longtemps resté invisible et intitulé "Too Much Johnson" (1938).

Citizen Kane est-il le premier long métrage d'Orson Welles ? Non, car le cinéaste avait déjà réalisé un film avant son chef d'œuvre qui a marqué l'Histoire du cinéma : Too Much Johnson.

Tourné en 1938, Too Much Johnson raconte la poursuite d'un homme par un autre, car ils se disputent l'amour d'une femme. Les rôles sont assurés par Joseph Cotten (ami et collaborateur de Welles dans sa première apparition sur pellicule), Edgar Barrier et Arlene Francis. Welles y fait une courte apparition.

La particularité du film est qu'il est muet mais que nous sommes plus de dix ans après l'apparition du parlant, dont le plus célèbre représentant est Le Chanteur de jazz (1927). Plus personne n'envisage de tourner un long métrage muet, mais Orson Welles a cette envie, et la mènera jusqu'au bout.

On retrouve dans ce film des hommages à Buster Keaton et plus généralement aux cascades dangereuses qui ont fait les belles heures du cinéma muet.

Welles comptait diffuser ce film durant la pièce dont il est adapté lors d'un processus assez expérimental, mais cela n'a jamais pu se faire. En effet, après 10 jours de tournage et en plein montage, des difficultés surviennent.

Pourquoi le film était-il invisible ?

Alors qu'il travaille sur la post-production de son film, Welles commence à avoir des soucis d'argent : il doit payer ses acteurs et le laboratoire d'impression de la pellicule.

Surtout, Too Much Johnson est adapté de la pièce de théâtre de William Gillette. Mais si Gillette avait donné son accord à Welles pour un long métrage, Paramount, qui en détenait les droits cinématographiques, menace Welles d'un procès s'il diffuse son film.

Le studio avait d'ailleurs sorti une adaptation de la pièce au cinéma sous le titre Johnson exagère, réalisée par Donald Crisp et sortie en 1919.

Welles a plié, et les bobines n'ont jamais été vues, et conservées dans la maison madrilène du cinéaste durant de nombreuses années. Lors d'un incendie de la demeure en 1970, le film a été détruit, mais une copie a été retrouvée en Italie en 2013, et c'est celle-ci que nous pouvons découvrir aujourd'hui.

publié le 23 janvier, Corentin Palanchini, Allociné

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