Actus cinéma

Cannes : tout savoir sur les 21 films en Compétition pour la Palme d'Or 2023

Le 76e Festival de Cannes se tient du 16 au 27 mai sur la Croisette. Quel film décrochera la très convoitée Palme d'Or décernée par le Jury de Ruben Östlund ? Pleins feux sur les vingt-et-un longs métrages retenus pour la Compétition 2023.

Qui succèdera à l'acide Sans Filtre de Ruben Östlund le 27 mai prochain ? Désormais Président du Jury, le cinéaste suédois (et par ailleurs "double-palmé") a pour mission de départager avec ses huit juré·e·s les longs métrages choisis cette année par Thierry Frémaux et le Comité de sélection du 76e Festival de Cannes parmi plus de 2000 films.

La manifestation, qui s'ouvre ce soir sur la projection Hors-Compétition de Jeanne du Barry de Maïwenn, emmené par Johnny Depp, proposera vingt-et-un films en Compétition durant les onze prochains jours.

Une liste où l'on retrouve pour la première fois sept réalisatrices (Kaouther Ben Hania, Catherine Breillat, Catherine Corsini, Jessica Hausner, Alice Rohrwacher, Ramata-Toulaye Sy et Justine Triet) ainsi qu'un double-lauréat de la Palme (Ken Loach) qui pourrait donc tenter un triplé historique.

Alors que la Compétition s'ouvre demain, voici tout ce qu'il faut savoir sur ces films (classés par ordre alphabétique du nom du/de la cinéaste).

Firebrand de Karim Aïnouz

Après deux passages en section Un Certain Regard et une Séance Spéciale en 2021, le cinéaste brésilien Karim Aïnouz a pour la première fois les honneurs de la Compétition avec Firebrand. Un drame historique qui raconte l'histoire de Catherine Parr, dernière épouse de l'ogre Henry VIII et l'une des seules à lui avoir survécu.

La montée des marches du long métrage aura belle allure, les rôles principaux étant tenus par Alicia Vikander et Jude Law.

Asteroid City de Wes Anderson

"Ils vont être 100 sur le tapis rouge", a dit Thierry Frémaux en annonçant la sélection du film. Ce qui ne sera pas si éloigné de la réalité. Comme à son habitude, Wes Anderson met un point d'honneur à ce que le casting de son nouvel opus soit plus fou que celui du précédent.

Asteroid City rassemble quelques habitués de son cinéma (Jason Schwartzman, Adrien Brody, Tilda Swinton...) autour de Tom Hanks, Margot Robbie et Scarlett Johansson dans une histoire qui fait penser à un prolongement teinté de SF de Moonrise Kingdom, premier long qu'il avait présenté en Compétition.

Certain de nous offrir le plus beau tapis rouge de cette édition, le réalisateur va-t-il enfin inscrire son nom au palmarès avec cette troisième participation à la course pour la Palme d'Or ?

L'Enlèvement de Marco Bellocchio

Du haut de ses 83 ans, Marco Bellocchio ne sera certes pas le doyen de la Compétition, privilège qui reviendra à Ken Loach et ses 86 printemps. Mais cette neuvième participation à la section la plus courue sera-t-elle la bonne pour celui qui n'a remporté qu'une seule Palme d'Or... à titre honorifique ?

Quatre ans après Le Traître, le cinéaste italien explorera à nouveau le passé de son pays grâce à un récit longtemps chéri par Steven Spielberg, car son projet avorté Kidnapping of Edgardo Mortara et cet Enlèvement reviennent sur le même fait divers : l'histoire d'un enfant juif baptisé en secret et que les soldats du Pape kidnappent pour lui donner une éducation religieuse. Quitte à se heurter à l'opinion publique.

LE grand film politico-historique de ce cru 2023 ?

Les Filles d'Olfa de Kaouther Ben Hania

Première fois en Compétition pour la scénariste et réalisatrice Kaouther Ben Hania, figure désormais majeure du cinéma tunisien, qui avait déjà fait sensation en 2017 dans la section Un Certain Regard avec La Belle et la Meute, puis en 2020 à la Mostra de Venise avec L'Homme qui a vendu sa peau, premier film tunisien à concourir à l'Oscar du meilleur film international.

La cinéaste revient avec Les Filles d'Olfa pour un dispositif cinématographique inédit. On y suit la vie d'une mère tunisienne dont la vie bascule lorsque ses deux filles aînées disparaissent. Elles sont alors remplacées par des actrices professionnelles.

L'histoire intime de ce groupe de femmes, emplie d'espoir, de rébellion et de sororité, se veut être un écho à notre société.

L'Eté dernier de Catherine Breillat

Connue pour examiner les rapports de force qui s'exercent dans les relations homme-femme, Catherine Breillat revient une nouvelle fois à Cannes avec L'Eté dernier, présenté en compétition.

Dans ce drame, porté par Léa Drucker, elle raconte la liaison entre une avocate renommée et son beau-fils âgé de 17 ans. Nul besoin de préciser que ce long métrage s'annonce comme l'un des scandales du Festival. Il s'agit du remake de Queen of Hearts, film danois de May el-Toukhy, présélectionné pour représenter le Danemark aux Oscars en 2020.

Les Herbes Sèches de Nuri Bilge Ceylan

Après avoir remporté le Grand Prix en 2003 pour Uzak et en 2011 pour Il était une fois en Anatolie, le Prix de la critique pour Les Climats, le Prix de la mise en scène pour Les Trois singes et la Palme d'Or pour Winter Sleep, le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan n'a plus rien à prouver !

Il est pourtant à nouveau en compétition pour Les Herbes sèches, l'histoire d'un jeune enseignant qui se pense à jamais bloqué en Anatolie, jusqu'à sa rencontre avec une jeune professeure. Un chef d'œuvre de plus dans sa filmographie ?

Le Retour de Catherine Corsini

Septième sélection cannoise et troisième présence en compétition pour la réalisatrice française Catherine Corsini, après La Répétition (2001) et La Fracture (2021).

Douzième long métrage de la cinéaste, Le Retour est précédé d'une polémique concernant des faits présumés de harcèlement et une possible entorse à la législation sur la protection des comédiens mineurs, qui a failli le priver de présence sur la Croisette. La cinéaste a dénoncé dans un communiqué "une rumeur extraordinairement dommageable".

Ce retour en Corse, porté par Aïssatou Diallo Sagna (César de la Meilleure actrice dans un second rôle pour La Fracture), voit une mère de famille affronter ses souvenirs douloureux sur l'île, alors que ses deux filles adolescentes se laissent aller à toutes les tentations estivales.

The Zone of Interest de Jonathan Glazer

Cinéaste de l'étrange et adepte de l'art expérimental, Jonathan Glazer arrive pour la première fois en compétition. Réalisateur du féroce Sexy Beast, du troublant Birth et du mystérieux Under The Skin, il propose cette fois The Zone of Interest.

Dans ce drame historique, se déroulant lors de la Seconde Guerre mondiale, il suit une romance complexe entre un officier nazi et l'épouse d'un kapo. Nul doute que ce sujet saura secouer la Croisette. Rumeur : Scarlett Johansson devrait faire une apparition dans le film. Réponse bientôt.

Club Zero de Jessica Hausner

Grande habituée du Festival de Cannes (membre de différents jurys et en compétition dans différentes sélections), Jessica Hausner présente son sixième long-métrage Club Zero.

Dans ce nouveau thriller énigmatique de la cinéaste autrichienne, Mia Wasikowska incarne Ms Novak, une jeune femme qui, arrivée dans un lycée privé pour donner des cours de nutrition avec un concept innovant, bouscule les habitudes alimentaires et fascine de nombreux élèves.

Si bien que les professeurs et les parents ne soupçonnent pas à quel point Ms Novak a de l'emprise sur les étudiants, désireux de rejoindre son cercle très fermé du mystérieux Club Zero...

May December de Todd Haynes

S'il était présent en 2021 avec The Velvet Underground, cela fait six ans (Le Musée des Merveilles) que le cinéaste n'a pas eu les honneurs de la compétition cannoise. Après Carol (2015), primé à la Queer Palm ou encore Velvet Goldmine (1998), Prix de la meilleure contribution artistique, Todd Haynes concourra une nouvelle fois cette année.

Et entouré d'un casting glamour à souhait : son actrice fétiche Julianne Moore montera en effet les marches aux côtés de Natalie Portman, qui joue pour la première fois sous la direction du cinéaste américain.

May December raconte l'histoire d'une comédienne dont la vie familiale et amoureuse va être perturbée par le biopic qui se prépare sur sa vie de couple controversée et par sa rencontre avec celle qui va l'incarner à l'écran. Une mise en abyme du milieu du cinéma, comme on les aime.

Les Feuilles mortes de Aki Kaurismäki

C'est la cinquième présence en compétition du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki, qui n'a jamais remporté la précieuse Palme d'Or. Après Où s'en vont les nuages, L'Homme sans passé, Les Lumières du Faubourg et Le Havre, son nouveau long métrage Les Feuilles mortes est inspiré par la chanson homonyme signée Prévert et Kosma. Deux solitaires se rencontrent une nuit à Helsinki et tentent de trouver leur premier, leur unique et leur dernier amour.

Monster de Kore-Eda Hirokazu

Infatigable Hirokazu Kore-Eda. Un an seulement après la présentation de ses Bonnes étoiles (qui a valu un Prix d'Interprétation à Song Kang-ho), le cinéaste japonais est déjà de retour, dans son pays natal, avec Monster, drame raconté du point de vue d'un professeur puis de son élève.

L'influence du Rashomon d'Akira Kurosawa plane plus que jamais sur le cinéma du réalisateur qui signe sa septième participation à la Compétition. Et pourrait bien intégrer le cercle des lauréats d'une double Palme d'Or, si cet opus rencontrait le même destin qu'Une affaire de famille il y a cinq ans.

The Old Oak de Ken Loach

Avec 14 sélections cannoises et 7 récompenses, dont 2 Palmes d'Or (pour Moi, Daniel Blake en 2016 et Le Vent se Lève en 2006), Ken Loach fait assurément partie des recordmen du festival.

Fervent représentant du cinéma social britannique, le cinéaste engagé est de retour en compétition avec The Old Oak, toujours en compagnie de son fidèle scénariste Paul Laverty.

Le pitch du film, longtemps tenu secret, se présente ainsi : TJ Ballantyne est le propriétaire du "Old Oak", un pub qui est menacé de fermeture après l'arrivée de réfugiés syriens placés dans le village sans aucun préavis. Bientôt, TJ rencontre une jeune Syrienne, Yara, qui possède un appareil photo. Une amitié va naître entre eux...

Après avoir annoncé plusieurs fois nous livrer son dernier long métrage, The Old Oak sera-t-il l'ultime film de Ken Loach ?

Vers un avenir radieux de Nanni Moretti

Palme d'Or en 2001 pour La Chambre du fils, Prix de la mise en scène en 1994 pour Journal intime, Nanni Moretti, qui avait présidé le jury en 2012, est de retour sur la Croisette en Compétition avec Vers un avenir radieux.

Un long métrage dans lequel l'Italien se met en scène dans la peau d'un cinéaste renommé qui s'apprête à tourner son nouveau film. Mais entre son couple en crise, son producteur français au bord de la faillite et sa fille qui le délaisse, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, il va devoir repenser sa manière de faire s'il veut mener tout son petit monde... vers un avenir radieux.

A noter la présence au générique d'un certain Mathieu Amalric.

La Chimère de Alice Rohrwacher

Troisième sélection en compétition pour la cinéaste italienne Alice Rohrwacher, après Les Merveilles (2014) et Heureux comme Lazzaro (2018).

L'histoire de La Chimère se situe dans les années 80. Arthur revient dans une petite ville sur le littoral de la mer Tyrrhénienne. Il est chasseur de vestiges étrusques, activité illégale qu'il pratique avec une bande de joyeux brigands. Arthur a un don : il ressent le vide. Le vide qu'a laissé en lui le souvenir de son amour perdu, Beniamina.

Thierry Frémaux parle de la réalisatrice comme d'une "cinéaste formaliste, pleine de questions sur ce qu'est le cinéma, la façon de filmer, tenir une caméra, raconter une histoire..." Le casting est composé de Josh O'Connor, Isabella Rossellini, Carol Duarte et Alba Rohrwacher. Rappelons qu'Alice Rohrwacher était membre du jury en 2019, année qui a sacré Parasite.

Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire

Attention, film-choc en vue. Après un documentaire sur la violence en Colombie (Carlitos Medellin), un récit sur les enfants soldats en Afrique (Johnny Mad Dog, passé par Un Certain Regard en 2008) et une plongée dans les prisons thaïlandaises (Une prière avant l'aube, présenté Hors Compétition en 2017), Jean-Stéphane Sauvaire nous entraîne dans les rues de New York, aux côtés d'un jeune ambulancier et d'un médecin expérimenté en tournée dans le centre-ville, entre criminels, SDF et junkies.

Porté par Sean Penn, Tye Sheridan, Katherine Waterston, Michael Pitt et Mike Tyson (!), Black Flies a des allures de A tombeau ouvert moderne. Le film est adapté du roman 911 de Shannon Burke, ancien ambulancier à Harlem (et créateur de la série Netflix Outer Banks par ailleurs).

Banel & Adama de Ramata-Toulaye Sy (1er film)

D'origine sénégalaise, la cinéaste Ramata-Toulaye Sy fait son entrée dans la compétition avec son tout premier long métrage. Un bel exploit.

Après un court métrage intitulé Astel, elle réalise Banel & Adama et suit une histoire d'amour née dans un village éloigné au Nord du Sénégal. Les deux héros vivent dans une bulle, mais leur passion va se heurter aux conventions de leur communauté. Khady Mane et Mamadou Diallo incarnent les rôles-titres.

La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung

Adapté du roman suisse La Vie et la passion de Dodin-Bouffant de Marcel Rouff, publié en 1924, La Passion de Dodin Bouffant marque le retour à une production française de Trần Anh Hùng, sept ans après son dernier film Éternité.

Le réalisateur français d'origine vietnamienne réunit Juliette Binoche et Benoît Magimel dans un drame historique se déroulant au XIXe siècle. Il met en scène Eugénie, une cuisinière hors pair au service du célèbre gastronome Dodin, avec qui elle vit une romance intense couplée à leur amour de la gastronomie. Mais Eugénie est aussi une femme libre qui prend une décision inédite : cuisiner pour elle.

Anatomie d'une chute de Justine Triet

Quatre ans après Sybil, la réalisatrice française Justine Triet est de retour en compétition avec Anatomie d'une chute, un thriller qui suit le procès d'une femme accusée d'avoir tué son mari un an plus tôt. Son jeune fils malvoyant assiste à l'instruction, véritable dissection du couple que formaient ses parents avant le drame.

Emmené par Swann Arlaud, l'actrice allemande Sandra Hüller et le jeune Milo Machada Graner (8 rue de l'Humanité), ce portrait de femme troublant ne manquera pas d'impressionner les festivaliers, sensibles au regard toujours très juste que la cinéaste pose sur ses héroïnes.

Jeunesse (Le Printemps) de Wang Bing

Jeunesse (Le Printemps) se déroule dans une petite ville voisine de Shanghaï où la confection textile attire les jeunes travailleurs qui travaillent dans des conditions déplorables. Le film, longue (3h32) plongée documentaire dans leur quotidien, propose d'explorer leurs espoirs et leurs défaites.

Son réalisateur, Wang Bing, a également un film en séance spéciale, Man in Black, un documentaire à la forme très particulière dédié au compositeur chinois Wang Xilin.

Perfect Days de Wim Wenders

En près de 50 ans, Wim Wenders a tout connu à Cannes : une Palme d'Or (Paris, Texas), un Grand prix du jury (Si loin, si proche !), un Prix de la mise en scène (Les Ailes du désir), un Prix de la critique internationale (Au fil du temps), un poste de Président du jury en 1989...

Pour son retour sur la Croisette, le cinéaste allemand vient présenter Perfect Days, décrit comme une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.

L'histoire ? Celle d'un homme, incarné par la star japonaise Koji Yakusho, qui travaille à l'entretien des toilettes publiques de Tokyo. S'épanouissant dans une vie simple et un quotidien très structuré, celui qui entretient une passion pour la musique, les livres et les arbres qu'il aime photographier va voir ressurgir son passé au gré de rencontres inattendues.

A noter que Wim Wenders fera coup double cette année à Cannes puisqu'il présente également le documentaire Anselm en Séance Spéciale.

Le 76e Festival de Cannes se tient du 16 au 27 mai 2023. La Palme d'Or sera décernée le 27 mai lors de la cérémonie de clôture.

publié le 16 mai, Yoann Sardet, Allociné

Liens commerciaux