Cannes et les femmes, c'est 3 Palmes d'or en 30 ans !
Jane Campion, Julia Ducournau, Justine Trier... Elles ne sont que trois à avoir décroché la Palme d'or. Retour sur ces réalisatrices qui ont marqué l'Histoire du Festival de Cannes.
"Et la Palme d'or 2023 est à attribuée à... Justine Triet pour Anatomie d'une chute !"
Cette annonce de Ruben Ostlund, président du jury, est un événement à plus d'un titre. D'une part, il s'agit de la seconde Palme d'or française en trois éditions - la précédente ne remontant qu'à 2021 -, d'autre part, cette récompense est aussi la troisième Palme que le Festival de Cannes attribue à une réalisatrice. Retour sur ces trois Palmes d'or au féminin.
En 1993, Jane Campion devient la toute première cinéaste à décrocher le prestigieux trophée pour La Leçon de piano. Seul bémol, elle partage la Palme avec Chen Kaige et Adieu ma concubine. Dans son film d'une sensualité folle, la cinéaste filme au plus près le corps d'Harvey Keitel, massif et musculeux, dans des scènes d'étreinte aussi intenses que chorégraphiées avec délicatesse. Et on se surprend à se demander si Jane Campion ne serait pas l'inventeure du female gaze.
28 longues années de patience sont nécessaires pour retrouver une femme au sommet de l'Olympe cannois. En 2021, Julia Ducournau devient la première Française à se voir décerner la Palme avec Titane, un film on ne peut plus clivant, pour sa violence décomplexée et son propos dérangeant. Sa mise en scène, sous inspiration (assumée) de David Cronenberg, fait la part belle au corps dans tous ses états, avec une prédilection pour l'hybridation. Déjà remarquée pour son premier long-métrage, Grave, Julia Ducournau s'impose comme une figure de proue du jeune cinéma, désireux de déchiffrer des terrains laissés inexplorés.
Et il ne faut attendre que deux ans, le temps de la parenthèse Sans Filtre, pour retrouver une réalisatrice française sur la plus haute marche du palmarès cannois. Avec Anatomie d'une chute, Justine Triet entre dans la cour des grand(e)s en haussant le niveau et en s'imposant comme une cinéaste exploitant au mieux les possibilités du cinéma. Pour s'en convaincre, il suffit de voir la scène d'ouverture de son film, de longues minutes qui créent le malaise et laissent une empreinte durable et profonde sur tout le métrage.
publié le 28 mai, Vincent Garnier, Allociné
