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Cannes 2023 : 9 films choc qui risquent de faire polémique cette année

De "Jeanne du Barry" à la série "The Idol", en passant par "Le Retour", "L'Été dernier" ou "The Zone of Interest", petit tour d'horizon de ces titres qui risquent d'enflammer le Festival de Cannes 2023.

Cannes 2023, c'est (presque) parti ! Comme chaque année, le Sud de la France devient la capitale du cinéma dans laquelle les festivaliers vivent au rythme des films.

Ils seront une bonne centaine à se dévoiler pendant cette 76ème édition, et si certains font déjà parler d'eux pour leur casting et/ou leur portée auprès du grand public (Indiana Jones 5, le Pixar Élémentaire, Killers of the Flower Moon...), d'autres pourraient jouer la carte du choc et de la polémique pour émerger dans les discussions.

Et ce dès l'ouverture, assurée cette année par Jeanne du Barry de Maïwenn, dans lequel l'actrice et réalisatrice donne la réplique à Johnny Depp. De la Compétition aux sections parallèles, en passant par une série HBO, petit coup de projecteur sur ces neuf œuvres qui risquent bien de se faire remarquer sur la Croisette.

Jeanne du Barry

Même si Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, le conteste, la présence du film Jeanne du Barry en sélection est un choix qui a fait grande polémique lors de son annonce.

La cause ? La présence de Johnny Depp au casting du drame historique de Maïwenn. La notoriété de l'acteur américain a pris du plomb dans l'aile durant la longue bataille judiciaire qui l'a opposé à son ex-compagne Amber Heard pour des faits de violences conjugales.

Cela n'a pas empêché Maïwenn de le choisir pour incarner le roi Louis XV, rôle pour lequel il s'est remis à étudier le français. Le tournage a été houleux entre les deux acteurs qui ont eu du mal à s'entendre sur leur vision du film.

Maïwenn réalise mais campe aussi Jeanne du Barry, fille du peuple avide de culture et de plaisirs qui devient la favorite du roi. Son arrivée à Versailles, en dépit des convenances et de l'étiquette, va scandaliser la cour. Si le film se veut sulfureux, il sera aussi la première potentielle controverse du festival puisqu'il en fait l'ouverture.

The Idol

Après le carton de la série Euphoria, aussi encensée que décriée, Sam Levinson propose une nouvelle fiction sulfureuse intitulée The Idol. En collaboration avec le chanteur The Weeknd et Reza Fahim, le fils de Barry Levinson veut nous plonger dans la descente aux enfers de Jocelyn (Lily-Rose Depp), une pop star en pleine dépression qui espère revenir sur le devant de la scène.

Sa romance avec Tedros (The Weeknd), le patron d'une boite de nuit au passé trouble, va-t-elle l'entraîner au sommet de son art ou la faire basculer dans les tréfonds de son âme ?

Les premières images de The Idol promettent une série sex, drugs and rock'n roll qui devrait attirer l'attention des festivaliers avides de sensations fortes et de scandales.

Surtout que la controverse se joue aussi en coulisses puisqu'il a été révélé dans une enquête publiée par que la production de la série avait été chaotique. Entre le départ de la réalisatrice Amy Seimetz suite à des désaccords, la réécriture du scénario et le comportement critiqué de Sam Levinson, la série The Idol va être au cœur des conversations cannoises.

The Zone Of Interest

Il aura fallu dix ans à Jonathan Glazer pour revenir avec un nouveau long-métrage, The Zone of Interest, qui lui vaut une première sélection en Compétition officielle au Festival de Cannes.

Le cinéaste britannique, qui a débuté sa carrière dans la réalisation de publicités et de clips (Radiohead, Massive Attack), s'est peu à peu dirigé vers la fiction expérimentale en offrant des films aussi bizarres que fascinants, tels que Sexy Beast, Birth ou le plus connu Under The Skin avec Scarlett Johansson.

Cette fois, Jonathan Glazer propose étonnement un drame historique se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale. Mais The Zone of Interest aura de quoi titiller les âmes les plus frileuses puisqu'il raconte l'histoire d'amour complexe entre un officier nazi et la femme d'un kapo. Ce dernier essaie de contourner l'horreur génocidaire mais ses soupçons envers son épouse accapare son esprit.

Le synopsis laisse la place à l'imagination mais connaissant l'univers de Jonathan Glazer, on ne peut que s'attendre à des surprises, et peut-être de vives réactions de la part des cinéphiles.

Le Retour

Deux ans après La Fracture, reparti bredouille alors qu'il prenait avec brio le pouls de la France des Gilets Jaunes, Catherine Corsini s'offre une troisième participation à la Compétition cannoise.

D'ores et déjà la plus mouvementée, avant même que Le Retour, son quinzième long métrage, ne soit présenté au Grand Théâtre Lumière. Alors que Thierry Frémaux avait annoncé à la cinéaste sa présence dans la catégorie reine, le long métrage était absent de la sélection dévoilée à la mi-avril.

La raison : le conseil d'administration de Cannes devait étudier "la situation de l'œuvre", car des faits de harcèlement sont reprochés à la réalisatrice et deux membres de l'équipe. Tout comme une possible entorse "grave" à la législation sur la protection des comédiens mineurs, dans le cadre d'une scène de masturbation tournée par une actrice alors âgée de 15 ans et demi, et que la Commission des Enfants du Spectacle (instance émanant du Comité de Protection de l'Enfance) n'a pas pu examiner au préalable.

Privé des aides du CNC, qu'il lui a été demandé de rembourser pour ces raisons, démenties par la principale intéressée, Le Retour a finalement été ajouté à la Compétition. Ce qui a fait réagir le Collectif 50/50 et le Syndicat des Professionnels des Industries de l'Audiovisuel et du Cinéma (SPIAC), qui parle d'une "insulte à l'ensemble des équipes artistiques et techniques qui participent à la création des films et au rayonnement de notre cinématographie."

Dans le même temps, le producteur Marc Missionnier appelle au boycott du film, dont la présentation et la conférence de presse s'annoncent déjà houleuses, alors que Catherine Corsini cherchera à se défendre face aux faits qui lui sont reprochés. Un Retour qui ne devrait donc pas passer inaperçu, dès le deuxième jour de ce Cannes 2023.

L'Été Dernier

Dix ans après son dernier film Abus de faiblesse, Catherine Breillat revient sur le devant de la scène et promet d'épicer la Compétition officielle de la 76ème édition du Festival de Cannes.

La réalisatrice, scénariste et romancière s'est fait connaître pour ses longs-métrages traitant des passions sexuelles et émotionnelles des femmes. Si plusieurs d'entre eux ont suscité la controverse, son nouveau film, L'été dernier, devrait faire parler sur la Croisette.

Il s'agit d'un remake de Queen of Hearts, film danois de May el-Toukhy, qui a failli représenter le Danemark aux Oscars en 2020. Dans cette version de Breillat, Léa Drucker incarne une avocate renommée qui va entretenir une liaison avec son beau-fils âgé de 17 ans, campé par Samuel Kircher.

L'été dernier pourrait bien créer un scandale. Du même acabit que 36 Fillette, son troisième film qui racontait l'histoire d'une fille de 14 ans séduite par un quarantenaire en 1988 ? Réponse le 25 mai.

How To Have Sex

Et si le film le plus sulfureux de cette édition cannoise se trouvait à Un Certain Regard ? Premier long métrage de la Britannique Molly Manning Walker, How to Have Sex annonce le programme dès son titre, qui pourrait tout aussi bien convenir aux Beaux gosses ou à American Pie. Sauf que l'humour potache devrait être absent de ce drame annoncé comme "exubérant, nuancé et douleureusement honnête."

Il y sera question de trois amies qui, sitôt le lycée terminé, s'offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne ultra fréquentée, où elles comptent enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de colocs anglais rencontrés à leur arrivée. Une virée dont la jeune Tara va profiter, passant d'un excès à l'autre, jusqu'au vertige.

Celui qui pourrait saisir le spectateur, pris entre euphorie et malaise, dans une expérience qui, si elle va au bout des choses, pourrait être l'un des chocs de cette édition, et laisser un goût de gueule de bois.

Conann

Le cinéma de Bertrand Mandico ne laisse pas indifférent, et on ne pourra pas le lui reprocher. Pas plus que son inventivité et sa capacité à mélanger les genres, cinématographiques et sexuels.

Après de nombreux courts, son passage au long s'est fait avec Les Garçons sauvages, film fantastique sur fond de métaphore de la transidentité, qu'ont suivi UItra Pulpe et sa participation à UItra Rêve.

Un an après l'épique After Blue (Paradis sale), au croisement du western et de la SF, ses thèmes de prédilection s'incarneront dans Conann. Sans Arnold Schwarzenegger mais avec Christa Théret, nouvelle venue dans son univers à l'occasion de cette relecture féminine du roman de fantasy de Robert E. Howard, qui raconte les six vies (et morts) de son héroïne depuis les enfers.

L'occasion pour celui que le site de la Quinzaine de Cinéastes décrit comme un "Méliès queer du viscéral et du pulsionnel" de nous embarquer dans des décors de carton-pâte et un univers riche en références cinématographiques et fluides de toutes sortes, qui interroge, met mal à l'aise, fascine, dégoûte, interpelle... Parfois dans un même élan.

Il n'y a pas de raison pour que Connan ne soit pas du même tonneau, et ne fasse pas parler de lui.

Rosalie

L'après-César de Nadia Tereszkiewicz passera donc par Cannes. Un an après la Compétition avec Les Amandiers, qui lui a valu la célèbre compression en bout de course, c'est du côté d'Un Certain Regard que la comédienne s'illustrera. Avec un look qui ne manquera pas de marquer les esprits, puisque Rosalie se penche sur le destin d'une femme à barbe au XIXè siècle.

Un statut de phénomène de foire auquel la jeune héroïne du nouveau long métrage de Stéphanie Di Giusto (La Danseuse, sur Loïe Fuller, déjà à Un Certain Regard en 2016), tentera d'échapper dans ce drame historique où son secret sera mis en danger par son mariage avec Abel (Benoît Magimel).

A l'heure où les questions de regards féminin et masculin sont scrutés et mis en opposition, il en sera plus que jamais question dans Rosalie. Qui devrait être observé de près.

The Feeling That The Time For Doing Something Has Passed

Ce titre à rallonge cache une histoire bien plus directe et cocasse que ce que l'on peut imaginer. The Feeling That The Time For Doing Something Has Passed est un premier long-métrage qui risque de faire grand bruit à la Quinzaine des Cinéastes.

L'actrice, scénariste, réalisatrice et monteuse Joanna Arnow promet une expérience osée aux festivaliers avec une comédie BDSM dans laquelle elle se met à nu.

Produite entre autres par Sean Baker (The Florida Project, Red Rocket), cette autofiction est un regard fragmenté sur la vie d'une femme au fil du temps avec une succession de scènes de soumission touchant à sa vie sexuelle, sa vie professionnelle dans une entreprise bas de gamme mais aussi dans sa vie personnelle au sein d'une famille juive explosive. Ça promet !

La 76ème édition du Festival de Cannes se tient du 16 au 27 mai 2023.

publié le 16 mai, Maximilien Pierrette, Allociné

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