Actus cinéma

"Ça ne pourrait plus arriver aujourd'hui" : le tournage de ce film a été traumatisant pour Isabelle Adjani

Isabelle Adjani a été primée à Cannes pour "Possession" d'Andrzej Żuławski. Elle garde néanmoins un souvenir amer de ce tournage très difficile.

Retour sur le tournage de Possession, quatrième film de cinéma du réalisateur Andrzej Żuławski, qui a traumatisé l'actrice Isabelle Adjani tant il a été éprouvant pour elle. Rappelons que Possession raconte comment Anna quitte son mari Mark, et suit l'enquête de ce dernier pour tenter de découvrir si elle a un amant. Il découvre bien vite qu'Anna s'est réfugiée dans une maison étrange, occupée par une mystérieuse créature.

"Lorsqu'[Isabelle Adjani] a vu le rendu", raconte Zulawski dans le commentaire DVD du film (via Indiewire), "elle a tenté de mettre fin à ses jours, car elle n'avait jamais voulu voir les images tournées chaque jour, donc elle ne savait vraiment pas comment nous la regardions, et elle a tenté de mettre fin à ses jours. Mais étant Isabelle Adjani, et il faut comprendre qu'en Europe, Isabelle Adjani est une diva, quelqu'un d'important. Elle est allée dans la salle de bain pour [se faire du mal]."

Sam Neill, premier rôle masculin sur le film, déclarera qu'un tournage comme celui de Possession "ne pourrait plus arriver aujourd'hui". S'il reconnaît son talent de "vrai cinéaste" et que le film est "un chef d'œuvre", Neill soulignait en mars 2023 (via Indiewire) :

"Je n'aime pas beaucoup ; ce qu'il voyait comme de la direction d'acteurs était juste de la maltraitance (...). Il y a des moments où il criait sur [Isabelle Adjani] collé à son visage. C'était pénible à voir".

Un très mauvais souvenir pour la comédienne

L'intéressée est revenue en 2018 sur le tournage particulièrement éprouvant du film, n'ayant pas de souvenirs plaisants à raconter à propos du metteur en scène polonais :

"Je travaillais avec un metteur en scène, Zulawski donc, qui était encore beaucoup plus déchaîné que son sujet. Il se donnait en spectacle dans son spectacle, il hystérisait le plateau quotidiennement pour que la contagion opère. Il faisait danser à l'équipe une rumba de démence qu'il justifiait en nous expliquant qu'elle nous évitait de sombrer, surtout moi, et que de fait il fallait faire en sorte que sa cadence ne retombe jamais. J'étais très consciente de la perversité qui se jouait. À la fois ça me dégoûtait, et en même temps, j'ai fait la soumise dans la grotte, j'ai marché dans le long tunnel qui menait à ce que devait être le film".

Il me serait impossible aujourd'hui de faire un film dans des conditions délétères, de tourner avec un cinéaste aussi "intoxicant" que Zulawski. Il faut vraiment être d'une extrême jeunesse ou antiféministe ou en mal d'exister pour croire au bénéfice de se faire manipuler et martyriser.

Un rôle à récompense pour Adjani, ex-aequo avec elle-même !

En 1981, Possession est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes. Isabelle Adjani est présente pour soutenir le film, ainsi qu'un autre, lui aussi sélectionné en compétition, Quartet de James Ivory. Le soir du Palmarès, elle reçoit des mains de Francine Racette et Donald Sutherland le Prix d'interprétation féminine pour ses rôles dans le film de Zulawski ET Quartet. Ou comment être en compétition contre soi-même.

publié le 19 avril, Corentin Palanchini, Allociné

Liens commerciaux