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"C'est un vrai coup sur la tête" : cette comédie avec un célèbre animateur télé a été un gros échec au cinéma

© Jacovides-KD Niko / Bestimage

Il était une fois "Une femme très, très, très amoureuse", une comédie avec Nagui qui s'annonçait bien sur le papier mais qui a connu un échec cuisant sur grand écran : (re)découvrez l'histoire de ce film oublié...

"Zak, dessinateur de BD, rejette le souvenir de son père mort il y a 25 ans mais ne peut pas s'empêcher d'en faire le personnage principal de ses planches. L'idée d'avoir une famille est pour lui le cauchemar suprême. Aussi ne connaît-il des aventures qu'avec des femmes mariées et mères de famille. C'est alors qu'il découvre une lettre écrite par son père à la veille de sa mort, où il apprend qu'il risque d'être réduit à l'impuissance s'il n'est pas père avant l'âge de 33 ans."

C'est là le synopsis de la comédie romantique Une femme très, très, très amoureuse, dans laquelle jouait l'animateur Nagui en 1997 face à Cristiana Reali, une comédie tombée dans l'oubli jusqu'à être presque introuvable aujourd'hui.

Après que la critique s'en soit prise à son film précédent, Le Nombril du monde, un drame inspiré de l'histoire de sa mère qui dénonce la misogynie des pays d'Afrique du Nord à travers quatre portraits de femmes, le réalisateur Ariel Zeitoun, blessé, décide cette fois de se lancer dans un projet radicalement différent.

"Quand je voyais des femmes faire des critiques tout en passant totalement à côté du sens du film [...], dans ma tête, j'ai un peu craqué. Le revers de mon féminisme a parlé et je me suis dit qu'elles mentaient, ces femmes", a expliqué le réalisateur à BFMTV. Se disant que sa mère avait "peut-être elle aussi menti", il écrit Une femme très, très, très amoureuse. "Tout ça, dans ma tête, s'est un peu bousculé et je me suis dit que j'avais envie d'écrire un film [sur le] mensonge. Et que ce mensonge serait celui de la mère."

Dès lors, la prémisse du film est toute trouvée : la lettre que le héros reçoit soi-disant de son père est en fait un mensonge de sa mère pour forcer son fils à mener une vie différente : "C'est la mère de qui crée un mensonge. Je crois qu'on est manipulé. Une femme très, très, très amoureuse voulait raconter ça. C'est la manipulation d'un garçon naïf qui croit ce que sa mère lui dit."

Mélangeant les genres et voulant créer un "ovni", le cinéaste introduit même dans son film des gags à la mode cartoon comme lorsque le héros se reçoit une enclume sur la tête pour signifier son choc. Il conclut finalement : "Un ovni, c'est un élément qui n'a pas sa place. Donc peut-être que j'ai fait un film qui n'avait pas sa place."

Dany Boon ou Nagui

Pour jouer dans son film Ariel Zeitoun, a également trouvé son candidat parfait. Après avoir découvert Dany Boon sur scène, il le veut en effet pour son film mais France Télévisions refuse, le comédien n'étant alors pas assez connu.

Pendant ce temps, Nagui s'intéresse au projet. Et malgré les réticences de M6, qui doute de lui, Ariel Zeitoun se laisse convaincre : "[Jean Drucker, alors directeur général de M6] me dit : 'Nagui, tu es sûr? Parce que si tu le prends parce que c'est le plus grand présentateur de la télé, dans ce cas-là, c'est mon frère Michel qu'il faut prendre, parce qu'il est plus grand que Nagui !'"

Mais le réalisateur est ferme : "Pour moi, Nagui correspondait formidablement bien au personnage qui était effectivement un personnage très, très fantasque. Et Nagui est comme ça." Si Nagui hésite, "c'est normal", continue Ariel Zeitoun. "Moi-même, j'avais des hésitations aussi."

Cependant, Nagui surprend le réalisateur et tout s'emboîte. Toutefois, les choses tournent mal à l'approche de la sortie du film : les distributeurs ne l'aiment pas.

"Ils me disent, ce n'est pas bien, que personne ne rit. Quand ils ne sont pas chauds sur un film, ils le sortent à des dates pourries pour pouvoir l'enlever rapidement des salles."

L'échec est alors au rendez-vous avec mauvaises critiques assorties : sur notre site, deux critiques de spectateurs seulement sont à retrouver : et ça parle de "pollution cinématographique", le tout pour une note de 1,6 sur 5...

Au total, seulement 47 808 personnes se rendront dans les salles. "C'est un vrai coup sur la tête. On a eu un sentiment d'injustice", a expliqué Ariel Zeitoun. "Quand on a appris les entrées du premier jour, on n'a pas su quoi dire. On savait que le film allait être retiré des salles la semaine suivante. C'était catastrophique. C'est plusieurs années qui partaient en poussière d'un seul coup. C'est très difficile à vivre. Mais bon, c'est comme ça, on s'est trompé."

Et depuis, Nagui refuse en effet d'en parler : "Je crois qu'il ne veut pas en parler, mais je ne sais pas pourquoi", a expliqué Ariel Zeitoun, toujours à BFMTV. "Il pourrait dire qu'il le déteste, mais en même temps je comprends très bien qu'il ne dise rien [puisqu'il] a tiré un trait sur cette période où on a fait le film."

Second souffle et disparition

Si le film rencontre un petit succès et renaît brièvement à la fin des années 1990 sur quelques chaînes de télé, il est toutefois désormais introuvable - ou presque : il est uniquement disponible en VHS, n'étant jamais sorti en DVD et il n'est pas disponible sur les plateformes de streaming ou de VOD.

Toutefois, Ariel Zeitoun ne regrette rien : "Évidemment, je me suis dit qu'il y a plein de choses qui auraient pu être mieux, mais en même temps, je me suis dit que c'était plutôt gonflé. L'histoire est marrante, folle et raconte beaucoup de choses qu'on ne pourrait pas faire aujourd'hui sur les rapports hommes/femmes. Je ne regrette pas de l'avoir fait. Du tout."

Il envisage même de ressortir le film cette année à la télévision, comme il l'a confié à BFMTV, lui qui a repris ses droits pour le remasteriser via EuropaCorp, histoire de refaire "revivre ou vivre un peu" le film. "J'ai vu pire passer à la télévision donc j'espère qu'on va trouver des créneaux."

Affaire à suivre donc !

publié le 11 janvier, Aude Mackau, Allociné

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