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Au cinéma : Hors-saison... Pourquoi faut-il voir ce film avec un Guillaume Canet émouvant ?

En salles à partir du 20 mars, "Hors-saison" marque la première incursion de Guillaume Canet dans l'univers de Stéphane Brizé. Voici trois raisons de ne pas manquer ce beau film mélancolique.

Ça parle de quoi ?

Mathieu habite Paris, Alice vit dans une petite cité balnéaire dans l'ouest de la France. Il caresse la cinquantaine, c'est un acteur connu. Elle a dépassé la quarantaine, elle est professeure de piano. Ils se sont aimés il y a une quinzaine d'années. Puis séparés.

Depuis, le temps est passé, chacun a suivi sa route et les plaies se sont refermées peu à peu. Quand Mathieu vient diluer sa mélancolie dans les bains à remous d'une thalasso, il retrouve Alice par hasard.

3 raisons de voir "Hors-saison"

Présenté en Compétition au dernier Festival de Venise (où le Lion d'Or a été remis à Pauvres créatures), Hors-saison en est reparti bredouille. Et ce malgré d'évidentes qualités. Dont celles-ci.

1 - Émouvant Guillaume Canet

Dire "comme vous ne l'avez jamais vu" serait réducteur et mensonger. Mais il faut reconnaître que cela faisait quelques années que Guillaume Canet n'avait pas été aussi juste et émouvant au cinéma. Depuis Au nom de la terre en 2019 très exactement, donc pas une éternité non plus.

Dans un registre plus mélancolique (un mot qui va revenir souvent ici), il incarne un acteur qui, alors qu'il s'apprête à prendre le virage du théâtre pour la première fois de sa carrière, craque et laisse tout en plan pour aller se retirer en thalasso. Et comme il est souvent difficile d'analyser un film sans tenir compte de l'image de son interprète principal, que Guillaume Canet joue ce rôle le rend encore plus symbolique.

Car la première fois qu'il apparaît à l'écran, son personnage de Mathieu paraît usé et vidé (quand il n'est pas dérangé pour un selfie en pleine séance de massage), comme l'acteur et réalisateur aurait très bien pu l'être en sortant du tsunami Astérix & Obélix.

Et c'est peut-être aussi pour cela qu'il est aussi juste, même si l'on ne peut nier l'apport de sa partenaire Alba Rohrwacher, ni celui du réalisateur Stéphane Brizé, dans sa jolie prestation.

2 - Tendre Stéphane Brizé

Non, Stéphane Brizé n'est pas qu'un spécialiste des drames sociaux engagés avec Vincent Lindon en tête d'affiche. Il le fait très bien, certes, et nous vous encourageons d'ailleurs à (re)voir le récent Un autre monde pour vous en convaincre. Mais avec Hors-saison, il revient à ses premières amours (dans tous les sens du terme).

A savoir, les rapports humains (sans forcément que les classes sociales ne soient au coeur des débats), les opportunités qui s'offrent à nous, les regrets et la manière dont les sentiments peuvent bouleverser l'existence de chacun, dans ce scénario co-écrit avec Marie Drucker, qu'il avait dirigée dans Un autre monde. Il renoue ainsi avec la douceur de Mademoiselle Chambon, ou l'opposition Paris-Province du Bleu des villes, son premier long métrage.

Et Je ne suis pas là pour être aimé pourrait très bien être le titre de ce nouveau film. Qui mêle comédie de situation (avec un humour proche de l'absurde qui rappelle parfois celui de Bruno Podalydès), drame et romance avec beaucoup de non-dits et quelques longueurs mais beaucoup de tendresse, et nous emmène hors du temps. Jusqu'à ses dernières scènes, déchirantes.

3 - Mélancolique Vincent Delerm

Presque un pléonasme pour qui connaît bien l'œuvre de l'auteur-compositeur-interprète français, qui a récemment participé à Cléo, Melvil et moi. Ou à Seize printemps de Suzanne Lindon. Et qui joue ici un rôle important dans l'atmosphère de Hors-saison.

Grâce à la chanson "Ni avec toi, ni sans toi", dont le clip a été dévoilé en amont de la sortie. Et, surtout, cette petite ritournelle entêtante qui accompagne tout le récit. Qui peut autant symboliser l'état d'enfermement mental dans lequel est Mathieu au début, que la manière dont ses émotions et celles d'Alice évoluent après leurs retrouvailles.

Et c'est là que réside l'un des tours de force du film : la musique ne change pas d'une note lorsqu'elle réapparaît, mais notre perception d'elle oui. Elle se fait ainsi amusante au début, puis plus triste et mélancolique au gré du récit, épousant parfaitement l'émotion recherchée par Stéphane Brizé et ses acteurs, tout autant qu'elle l'amplifie.

Dans le genre, on appelle ça du velours. Ou du sur-mesure. Avec un vrai impact sur votre humeur au moment où vous sortirez de la salle de cinéma.

publié le 19 mars, Maximilien Pierrette, Allociné

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