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Asia Argento tente d'échapper à son passé dans le thriller immersif Seule : les dossiers Silvercloud

Asia Argento est à l'affiche cette semaine du thriller de Jérôme Dassier "Seule : les dossiers Silvercloud". Un huis-clos sous tension.

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Jérôme Dassier dirige Asia Argento dans un thriller sous forme de huis-clos.

Dans Seule : les dossiers Silvercloud, la comédienne et réalisatrice italienne incarne Anne. Alors qu'elle vit recluse à la montagne, elle découvre que son chalet isolé a été placé sur écoute. Elle est alors rattrapée par son ancienne vie d'agent du renseignement, un passé qu'elle espérait avoir laissé derrière elle.

Comme le titre l'indique, Asia Argento apparaît seule à l'écran la majeure partie du temps, ses seules interactions avec l'extérieur se font par téléphone excepté une scène avec Jeanne Balibar.

Egalement scénariste, Jérôme Dassier qui a fait ses armes en tant que premier assistant réalisateur auprès d'Agnès Varda, Jerzy Skolimowskiou encore Barbet Schroeder, explique son intention :

"Comme j'avais envie de parler de solitude contemporaine et que parallèlement j'adore les romans d'espionnage, j'ai fini par construire une histoire autour d'une femme isolée dans la montagne.

Une femme dont les seules connexions avec l'extérieur se feraient par radio ou par téléphone, et qui, un jour où elle ne s'y attend pas, serait rattrapée brutalement par son passé d'espionne et la grande Histoire. Au cours de l'écriture avec mon co-scénariste, il s'est imposé que cette femme serait pratiquement le seul personnage du film qu'on verrait à l'écran*."

"J'ai toujours été solitaire"

Et le fait de jouer seule face à a caméra n'a pas effrayé Asia Argento. Le long-métrage a en effet été tourné après le confinement, la comédienne explique alors qu'elle s'était habituée à une certaine solitude.

"C'est une période qui avait habitué au silence et au repli sur soi. Et puis, depuis que je suis gamine, j'ai toujours été du genre solitaire. Je n'ai pas beaucoup d'amis. En fait, je vis beaucoup avec mes enfants. Bien sûr, quand je tourne, je suis en général très entourée, mais j'aime rentrer chez moi, au calme. En réfléchissant bien, je crois bien que la solitude a été la plus grande constante de ma vie. La seule petite différence avec celle d'Anne et la mienne, c'est que la sienne est subie. Elle la rend captive*."

Et le seul lien avec l'extérieur d'Anne est Charlie, incarnée par Jeanne Balibar. Durant 90% du film on entend seulement sa voix au téléphone, cette dernière n'apparaît à l'écran que dans les dernières scènes.

Le réalisateur s'est dit impressionné par la prestation de l'actrice française : "C'était très difficile et sans doute très déconcertant pour elle. Comme elle est souvent au bout du fil, elle n'avait pratiquement tout le temps que sa voix pour jouer. Elle s'est lancée tout entière dans le rôle et avec sa voix au phrasé et au timbre si singulier, elle a inventé des tas d'effets, auxquels je n'aurais pas pensé. Je lui tire mon chapeau."

Asia Argento précise avoir adoré jouer avec Jeanne Balibar. "Non seulement les scènes en « live », mais aussi celles où nous nous parlions par téléphone. Elle m'a beaucoup aidée. Elle est le genre d'être qui « nourrit » ceux qu'elle rencontre. J'espère retravailler un jour avec elle. Elle a une intelligence et une culture prodigieuses. Et humainement, c'est une femme formidable."

"Il n'y a rien de plus ennuyeux que les films consensuels."

Côté intrigue, Seule : les dossiers Silvercloud est directement lié à l'Histoire et a un lien avec les élections présidentielles américaines de 2008 durant lesquelles Barack Obama faisait face à John McCain. L'intrigue du film reste assez obscure, mais c'est un choix délibéré de la part de Jérôme Dassier qui souhaitait mettre à contribution le spectateur.

Il s'explique : "Depuis quelques années, la mode est aux films qui disent tout, montrent tout, donnent à tout comprendre. Je suis contre. Je pense qu'un réalisateur ne doit pas mâcher le travail du spectateur, qu'il doit, au contraire, miser sur son intelligence et sa réflexion, ce qui a en plus le mérite de générer des interprétations différentes de son œuvre. Pour moi, il n'y a rien de plus ennuyeux que les films consensuels.

En vertu de ce point de vue, lorsque j'écris un scénario, je fais attention à ce que mes personnages ne disent pas tout ce qu'ils sont censés savoir. Je tiens à ce que, pour ne pas tomber dans la passivité, le spectateur soit un peu « en retard » sur eux et sur l'intrigue, et qu'il se retrouve dans l'obligation d'émettre des hypothèses ou de se poser des questions."

Véritable film d'immersion, Seule place le spectateur dans la même posture que son héroïne. Le réalisateur conclut : "Anne, n'a pas toutes les cartes en main, elle doit ramer pour comprendre ce qu'il se passe. En quelque sorte, elle est, elle aussi, une spectatrice « active » de ce qui lui arrive."

Seule : les dossiers Silvercloud est à voir en salles dès ce mercredi.

*Propos issus du dossier de presse du film

publié le 8 mars, Laëtitia Forhan, Allociné

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