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Animals : la scène la plus insoutenable de l'année au service d'un film choc sur un terrible fait divers

Animals, film choc réalisé par Nabil Yadir, est basé sur un fait divers sordide survenu en Belgique en 2012. Avec cette oeuvre sans concessions, le réalisateur nous offre l'électrochoc ciné du mois de février.

Réalisé par Nabil Ben Yadir, Animals suit Brahim (Soufiane Chilah), un jeune homme qui fait la joie de vivre de sa mère.

Un jour il trouvera l'amour de sa vie. il deviendra père de famille et les rendra tous fiers. Un jour, il sera mûr et comblé. Un jour...

Récit choc et poignant, Animals est la sensation ciné de ce mois de février. Tiré d'un fait divers sordide survenu en Belgique en 2012, le film ne nous épargne rien, filmant l'agression du jeune Brahim avec un réalisme confondant.

"Ce que raconte le film en dehors du récit des derniers jours de la vie du personnage de Brahim (Ihsane dans le film), c'est finalement, la naissance des monstres, comment une société occidentale dite démocratique peut encore construire, nourrir des monstres pareils ? Comment s'opère la bascule ?", questionne le metteur en scène dans le dossier de presse du film.

"J'ai un parcours scolaire chaotique, je n'ai pas fait d'école de cinéma, j'étais électromécanicien. Je me demande comment moi je n'ai pas basculé. Et surgit la question de l'éducation qui peut faire la différence", ajoute Nabil Ben Yadir.

Pour le réalisateur, le titre du film vient de là : c'est un des assassins, lors du procès, qui a prononcé ces mots : « On n'est pas des animals ». "Donc oui la question de l'éducation se pose devant ce genre d'erreur émanant d'un jeune homme de 30 ans qui ne s'en rend pas compte. C'est un fait marquant qu'on ne peut pas oublier", indique le cinéaste.

Animals est donc basé sur un fait divers s'étant déroulé en 2012 à Liège en Belgique. Il s'agit de l'affaire Ihsane Jarfi. Ce jeune homme homosexuel avait disparu le 22 avril 2012. Son corps avait été découvert 2 semaines plus tard.

Il avait été battu à mort par par 4 individus. Ce meurtre avait traumatisé la Belgique à l'époque, notamment par son caractère homophobe, circonstance aggravante retenue lors du procès. En 2014, 3 des agresseurs ont été condamnés à une peine de réclusion à perpétuité pour assassinat homophobe. Le 4ème a écopé de 30 ans de prison.

UNE VIOLENCE CRUE

Pour Nabil Ben Yadir, il fallait montrer la violence de ce cette agression manière crue et frontale, sans concessions.

"Il a fallu que je tienne, que je n'écoute pas les retours de certains grands festivals qui m'ont demandé de couper, qui ont longuement débattu.

Et puis on a pu aussi parfois me reprocher de ne pas faire partie de la communauté LGBT notamment aux Etats-Unis. Hassan [le père d'Ihsane] a été d'un soutien sans faille en me disant « A quoi va servir le film si on enlève les scènes de violence ? »", précise le réalisateur.

Le cinéaste explique aussi qu'en Belgique, de nombreux scolaires ont vu le film et les retours ont été bouleversants.

"Les mots ne peuvent pas remplacer les images surtout dans cette société qui ne vit que dans l'image, dans la représentation de soimême. La seule façon de communiquer, notamment avec la jeune génération, c'est l'image. Certains n'ont peutêtre jamais lu de livre mais personne n'a jamais vu de film, cela n'existe pas."

UNE SÉQUENCE CHOC

Très longue, choquante, voire insoutenable, la séquence de l'agression de Brahim est extrêmement violente. Le long-métrage nous envoie un véritable électrochoc en pleine figure pour mieux nous saisir dans sa séquence finale renversante.

"Chez les jeunes, ce sont beaucoup les filles, de toutes origines, qui prennent la parole après les séances en disant que personne ne mérite ça. Du côté des garçons, on ose moins, on a peur de l'aveu de faiblesse.

Et puis ils sont nés dans la violence, avec internet et les réseaux sociaux. Leur rapport à la violence est très différent et le fait d'adopter le point de vue des assassins, c'était une façon de les impliquer", explique Nabil Ben Yadir.

Selon l'artiste, cette scène est à la fois non-cinématographique puisque filmée avec des téléphones mais c'est en même temps extrêmement cinématographique parce que c'est le cinéma d'aujourd'hui, la façon dont les jeunes se mettent en scène.

"Cela nourrit le débat. C'était aussi important de ne pas raconter la fin de l'histoire, le procès, cela oblige à aller se renseigner sur la vraie histoire."

Animals est sorti en salles le 15 février.

publié le 15 février, Vincent Formica, Allociné

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