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A voir au cinéma : La Couleur pourpre est-il un remake du film de Steven Spielberg 38 ans après ?

38 ans après le film de Steven Spielberg, nommé 11 fois aux Oscars, "La Couleur Pourpre" revient au cinéma dans une version musicale. A voir au cinéma dès ce mercredi 24 janvier.

En 1986, Steven Spielberg adaptait au cinéma le roman d'Alice Walker sur les luttes d'une femme afro-américaine vivant dans le sud au début des années 1900. Emmené par Whoopi Goldberg, Danny Glover, Rae Dawn Chong, Oprah Winfrey et Margaret Avery, La Couleur Pourpre avait décroché 11 nominations aux Oscars.

En 2005, le roman est adapté en comédie musicale à Broadway. Le film de 2024, mis en scène par Blitz Bazawule en est la transposition à l'écran.

La Couleur Pourpre version 2024 mêle scènes chantées et dansées et scènes de dialogues. Il est emmené par Fantasia Barrino (Celie) et Danielle Brooks (Sofia) - qui tenaient déjà ces rôles dans le musical - et par Taraji P. Henson, Colman Domingo, Halle Bailey, Corey Hawkins, Ciara, H.E.R. et Phylicia Pearl Mpasi.

Comme le film de Spielberg, le long métrage raconte sur 40 ans, l'histoire de trois femmes dans l'Amérique post esclavage. Malgré les épreuves les plus terribles, elles resteront toujours unies. Rien ne pourra venir éteindre ni leur lumière, ni leur espoir.

A l'occasion de la promotion de La Couleur Pourpre, nous nous sommes entretenus avec l'équipe du long métrage. Le réalisateur Blitz Bazawule nous explique avoir voulu s'éloigner du film de Steven Spielberg et apporter sa patte à cette nouvelle version.

Pas un remake du film de Spielberg

"Je n'avais vraiment pas l'intention de faire un remake de La Couleur Pourpre de Spielberg . Pour moi, il s'agissait de penser à un film original avec des personnages très familiers et de prendre un peu de tout : du livre d'Alice Walker au film de Steven en passant par le musical de Broadway, tout en sachant que je devais apporter ma propre voix et créer quelque chose qui m'appartienne.

Ainsi, pour moi, il s'agissait vraiment d'examiner le monde imaginatif de l'état psychologique de Celie. Une fois que j'ai compris cela, j'ai su que nous avions notre propre musique, avec notre propre texture et nos propres caractéristiques."

De la scène à l'écran...

Concernant l'adaptation de la comédie musicale au cinéma, le cinéaste commente : "Lorsqu'il s'agit de comédies musicales, le plus grand défi est de savoir comment passer de ces grands décors à des scènes de dialogues ou à des scènes narratives. Pour moi, l'une des choses les plus importantes que nous ayons faites a été de tout considérer comme un ballet.

Notre caméra se déplaçait de la même manière pendant les scènes que pendant les grands numéros musicaux. Parfois, la caméra s'envole pour trouver les actrices dans un arbre où à une fenêtre. La caméra était très libérée dans les scènes régulières.

Lorsque nous avons fait le montage, nous avons donc obtenu un ballet très homogène parce que notre chorégraphie était à la fois une chorégraphie de la caméra et de nos personnages."

Si Fantasia Barrino - qui incarne Celie adulte, le personnage principal du film, et Danielle Brooks, l'interprète de Sofia, connaissaient déjà bien les chansons puisqu'elles étaient déjà dans la comédie musicale, reprendre leur rôle dans ce film a tout de même été un défi.

Fantasia Barrino nous confie : "Faire le film était différent de la pièce de Broadway. J'ai joué dans le musical en 2008, j'étais beaucoup plus jeune et je vivais beaucoup de choses personnelles au même moment, donc c'était très lourd. Cette fois, j'étais dans un endroit différent, à une période de ma vie différente et j'ai vu Célie sous un jour différent."

Et sa co-star Danielle Brooks semble du même avis. Elle déclare à notre micro : "Aujourd'hui ma vie et mes objectifs ont changé et je comprends les choses différemment. Par exemple, la chanson "Hell, no", je pensais à l'époque que c'était pour remettre les femmes à leur place, mais aujourd'hui je comprends que c'est pour leur apprendre à savoir dire non.

Aujourd'hui je comprends que c'est pour apprendre aux femmes à savoir dire non. Nos vies ont changé et nous avons évolué, nous sommes passées à travers différentes épreuves. Aujourd'hui je suis mariée et mère, donc beaucoup de choses ont changé, et je pense que ça renforce ce que nous apportons à nos personnages. »

De The Walking Dead à La Couleur Pourpre...

En revanche, les comédiens Corey Hawkins, qui tient le rôle de Harpo, et Taraji P. Henson, qui incarne la chanteuse de gospel Shug Avery, découvraient la chorégraphie et les chansons.

L'acteur américain déjà vu dans les séries The Walking Dead et 24 heures : Legacy nous avoue : "Je suis heureux de pouvoir enfin utiliser cette partie de moi-même. C'est génial de pouvoir se dégourdir un peu les jambes.

Et en tant qu'acteur, c'est un cadeau. Continuer à surprendre non seulement les autres, mais aussi soi-même. Et je pense que sur ce coup-là, nous nous sommes tous efforcés d'aller le plus loin possible et d'atteindre des niveaux de profondeur différents. Lorsque Blitz nous a lancé des défis, nous n'avons eu qu'à nous montrer à la hauteur. Pour moi le plus gros défi de de La Couleur pourpre, était d'être à la hauteur. Et ce fut un voyage fou."

Pour Taraji P. Henson (Empire, Person of Interest, Double trahison), chanter et danser face caméra a été un véritable défi. La comédienne qui avait cependant déjà poussé la chansonnette nous explique : "C'est très différent des autres films musicaux que j'ai pu faire auparavant. C'est du vrai chant. Et Shug est littéralement le seul personnage du film à chanter du gospel. Elle chante du jazz et du blues, et c'est littéralement ce qu'elle est en tant que personne.

J'ai utilisé la musique pour comprendre qui elle était en tant que personnage. Le jazz est un art de l'improvisation. Il est spontané, et c'est ce qu'elle est. Elle chante son blues parce que, oui, elle a subi des traumatismes, et elle est très proche de Dieu.

Peu importe ce que les gens disent d'elle dans cette ville, grâce à la vie qu'elle a choisie et à la façon dont elle choisit d'aimer, elle a un véritable lien avec Dieu. Même si son père est un prédicateur et qu'il l'a exclue de sa famille, elle a gardé son lien avec Dieu."

Chanter n'est pas mon métier ni ma première passion. Chanter n'est pas mon métier ni ma première passion, je suis d'abord actrice et je ne peux pas me mettre à chanter sur commande, donc pour moi c'était clairement le plus gros défi. Surtout quand on est entouré de voix puissantes comme celles de Fantasia, Danielle Brooks et Ciara... J'étais un peu intimidé, cela va sans dire. Je ne suis pas danseuse non plus mais je bouge bien donc la danse n'a pas été un réel problème."

Un film toujours d'actualité

Si l'aspect comédie musicale diffère du film de Steven Spielberg, le message pour sa part reste le même. Il est toujours question d'émancipation, de violences faites aux femmes et de racisme.

Pour Blitz Bazawule, La Couleur Pourpre est "une grande critique de notre société et le fait que le message soit toujours d'actualité aujourd'hui prouve que nous ne sommes pas allés aussi loin que nous le pensions."

Il faut espérer que notre génération sera la dernière à voir ce film comme un film d'actualité. Le metteur en scène poursuit : "Les problèmes de violences domestiques continuent d'augmenter. La discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et la race continuent d'augmenter. La triste réalité, c'est que La Couleur Pourpre reste d'actualité parce que, malheureusement, la société refuse de s'attaquer aux problèmes auxquels elle a été confrontée.

Il faut donc espérer que notre génération sera la dernière à voir ce film comme un film d'actualité. Espérons qu'une autre génération viendra, et que nous ferons tellement mieux en tant qu'êtres humains que cela deviendra un monde fictif et que tout appartiendra au passé, mais malheureusement, ce n'est pas le cas aujourd'hui.

Aujourd'hui, de nombreuses personnes vont regarder ce film et s'y reconnaître, y reconnaître leur famille. Les abus et les traumatismes dont il est question dans cette histoire sont des choses qui sont profondément répandues aujourd'hui."

Un film porteur d'espoir

Taraji P. Henson relève pour sa part le positif et nous confie : "Cette histoire résonne beaucoup en moi. Je crois beaucoup au fait que les femmes s'entraident. C'est vrai, et c'est ce que l'on voit beaucoup dans ce film. Je crois à la sororité. Je crois qu'il est important d'avoir de bonnes amies, des femmes qui ont accompli des choses, des femmes que nous pouvons applaudir, admirer et aspirer à devenir. Je crois aussi que les femmes sont plus puissantes lorsqu'elles sont ensembles, et c'est ce que l'on voit dans ce film. Et aussi souvent que nous pouvons transmettre ce message au monde, nous devons le faire."

Les femmes sont plus puissantes lorsqu'elles sont ensembles. Corey Hawkins conclut ainsi : "Selon moi, le film porte un message d'espoir. La Couleur pourpre démontre que, malgré les épreuves de la vie, la guérison est toujours possible. À travers le parcours de ces femmes et leurs voyages, elles parviennent à se retrouver à la fin.

On se remémore alors les moments de joie et on se rappelle que nous sommes tous des survivants. Pour atteindre cette étape de la vie, cette maturité, il faut surmonter des moments plus difficiles. C'est une histoire poignante mais empreinte d'espoir, et nous avons besoin de cette histoire aujourd'hui."

La Couleur pourpre est à voir au cinéma dès ce mercredi 24 janvier .

publié le 24 janvier, Laëtitia Forhan, Allociné

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