Actus cinéma

70 points de suture, fracture au cou... 5 acteurs qui gardent des séquelles permanentes après un rôle

Si dans la plupart des cas, les blessures survenues sur un tournage peuvent être soignées, il arrive aussi qu'elles laissent des dommages durables au corps de l'acteur ou de l'actrice, qui affecteront le reste de leur carrière...

L'Histoire du cinéma est jalonnée de quantité d'exemples d'accidents et blessures survenus sur les tournages. Les causes sont évidemment multiples : cascades mal réglées, acteurs ou actrices trop confiants et / ou pas en formes, réalisateur poussant son casting à l'extrême au point de prendre des risques inconsidérés pour que la prise soit la plus réaliste possible, sécurité largement au rabais quand elle n'est pas carrément inexistante...

Fort heureusement, et avec les années, les mesures de sécurité sur les plateaux de tournage ont considérablement été accrues. Cela dit, on imagine quand même que les assurances transpirent beaucoup sur les tournages des films de Tom Cruise, qui tient toujours personnellement -et en a d'ailleurs fait une marque de fabrique- à exécuter lui-même ses cascades.

Quand l'acteur se fracture la cheville dans une course-poursuite sur le tournage de Mission Impossible 6, après une mauvaise réception, l'équipe a logiquement dû avoir des bouffées d'angoisse...

Si dans la plupart des cas, fort heureusement, ces blessures peuvent être soignées, au prix parfois d'un tournage suspendu le temps de la guérison, il arrive aussi que ces mêmes blessures laissent des dommages durables au corps de l'acteur ou de l'actrice, qui affecteront le reste de sa vie et de sa carrière.

Brendan Fraser en sait quelque chose, lui qui a carrément failli mourir sur le tournage de La Momie et a même passé sept années à multiplier les allers-retours à l'hôpital pour notamment subir une laminectomie, procédure permettant de supprimer une ou plusieurs lames vertébrales.

Russell Crowe pourrait aussi témoigner, se cassant les jambes sur le tournage du Robin des bois de Ridley Scott. "Apparemment, j'ai terminé le film avec les deux jambes cassées. Tout ça pour l'amour de l'art. Pas de plâtres, pas d'attelles, pas d'analgésiques, [j'ai juste] continué à travailler et, au fil du temps, ils se sont guéris d'eux-mêmes" dira-t-il dans un entretien au site Vulture en 2016, où il compilait entre autre une liste de ses blessures au fil de sa carrière.

Mais en 2020, l'acteur a commencé à développer de nouvelles douleurs, et ses examens médicaux ont indiqué qu'il avait encore des reliquats de fractures dans les tibias dix ans plus tard...

Buster Keaton

Il était surnommé "Buster" - casse-cou en français - pour son tempérament de tête brûlée. Icône du cinéma muet, Buster Keaton reste, encore à ce jour, l'un des plus grands cascadeurs de l'Histoire. Génie absolu du burlesque, "l'homme qui ne rit jamais" réalisait des cascades complètement folles.

Elles avaient beau être millimétrées, le niveau de risque pris par l'intéressé était proprement insensé, frôlant régulièrement le pire notamment lors des tournages de films comme Frigo à l'Electric Hotel, Sherlock Junior, en 1924, ou encore son grand classique Le Mécano de la Générale.

Ci-dessous, un petit aperçu de ses cascades. Des prises de risques colossales, pour permettre aux spectateurs de se gondoler de rire devant ses facéties...

Keaton s'est évidemment blessé à de très nombreuses reprises. Au fil des ans, il développa une résistance à la douleur stupéfiante. Tellement en fait qu'il n'a découvert une blessure que onze ans après les faits...

Alors qu'il s'échappe d'un train en marche en agrippant un réservoir d'eau dans Sherlock Jr, Keaton lâche prise accidentellement pour tomber à la renverse sur les rails. En l'occurrence directement sur les cervicales... Il s'est évanoui, et, fait particulièrement rare venant de sa part, annula le tournage pour le reste de la journée, afin qu'il puisse se remettre. Celui-ci ne repris que le lendemain.

En 1935, des années après ce film, Keaton découvrit sur une radio, lors d'un rendez-vous médical, qu'il avait encore une fracture au cou, dont il n'avait jamais eu conscience. Et qu'il ne pu qu'attribuer à cette chute survenue sur le tournage de Sherlock Jr, qui aurait largement pu lui coûter la vie. Il n'avait pas volé son surnom de "Buster", casse-cou, pour rien...

Jackie Chan

Avec un tel sujet, impossible de faire l'impasse sur la légende du film d'action et d'arts martiaux, Jackie Chan, notoirement connu pour avoir réalisé ses cascades lui-même. Et lorsqu'on voit la liste de ses blessures au cours d'une carrière aussi longue, on se demande encore comment il parvient à marcher et parler normalement.

Sur Le Maître chinois en 1978, il manque de perdre un oeil avec une arcade sourcilière endommagée. Nez cassé à quatre reprises (La Danse du lion en 1980, Le Marin des mers de Chine (1983), Big Brother (1989), Mister Cool en 1997). Des dents en moins sur le tournage du Chinois se déchaîne en 1978. Côtes cassées sur Opération Condor en 1983.

Dislocation de l'épaule droite et blessure au genou sur Niki Larson en 1993. Rachis cervical endommagé après être tombé d'une horloge de 25 mètres dans Le Marin des mers de Chine. Colonne vertébrale endommagée après avoir chuté d'une barre dans Police Story, avec un supplément de dislocation du pelvis qui a quasiment causé une paralysie partielle.

Phalanges cassées dans Le Retour du chinois en 1985. Blessure à la cuisse après avoir été pris en tenaille entre deux voitures dans Crime Story. Cheville deux fois brisées, dans Jackie Chan dans le Bronx (1995) et Police Story 5 (1996).

C'est toutefois sur le tournage de Mister dynamite que l'acteur a été le plus touché. Lors d'une cascade qui devait le voir s'élancer d'un mur pour atterrir sur un arbre, Jackie Chan a manqué sa cible et a cogné sa tête contre un rocher.

Opéré de la boîte crânienne dans la foulée pendant 8h , le comédien s'en est sorti mais vit désormais avec un trou dans le crâne recouvert d'une plaque de métal, et a perdu une partie de son audition au niveau de l'oreille gauche. Comme il le rappellera lui-même, c'est avec cette cascade qu'il a vu la mort de très, très près.

Les images de cette cascade ratée sont visibles dans le générique de fin du film, à partir de 2''19, qui est un bêtisier. L'acteur est évacué sur une civière...

Hugh Jackman

On ne présente guère plus Hugh Jackman, dont la carrière fut définitivement mise sur orbite grâce à son incarnation du mutant Wolverine des X-Men à partir de 2000. Si l'acteur reprendra encore le costume dans Deadpool 3, il est aussi un Entertainer réputé et très respecté.

Formé au chant et à la danse, il a montré à de très nombreuses reprises qu'il était tout aussi à l'aise dans les comédies musicales (Les Misérables), au cinéma ou sur scène à Broadway. Une grande polyvalence donc, dont peu d'acteurs sont capables.

En février 2023, dans un podcast de la BBC, Front Row, Jackman a expliqué avoir endommagé de manière permanente sa voix, à force d'avoir trop forcé pour prendre une voix gutturale pour incarner Wolverine, en particulier dans le film Logan. Plus précisément, il explique que son falsetto "n'est plus aussi fort qu'avant", ce qui l'handicape pour le chant.

Pour rappel, falsetto est un terme italien, également synonyme de fausset; et technique qui utilise le registre vocal le plus aigu d'un chanteur et qui se distingue de la voix de tête. En dépit de ses tentatives pour ménager sa voix sur Logan, l'acteur n'a pas pleinement retrouvé ses vocalises, ce qui ne l'empêche toutefois pas de continuer à se produire régulièrement sur Broadway, et avec succès.

Buddy Ebsen

Classique parmi les classiques, Le Magicien d'Oz a connu son lot d'incidents. La grande actrice Margaret Hamilton, qui incarne la méchante sorcière de l'Ouest, a bien failli laisser la vie sur le tournage du film.

Dans une séquence au début du film, celle-ci est censée disparaître dans un nuage de fumée. Victor Fleming, le réalisateur, souhaitait que ce nuage dure un peu, histoire d'entretenir l'illusion de sa disparition... La production décala donc l'ouverture de la trappe sur laquelle marchait l'actrice, tandis qu'une étincelle explosive apparaissait, envoyant la fumée...

Le malheur, c'est que cette étincelle fit une très très mauvaise réaction chimique au maquillage de l'actrice sur son visage, fait à partir de pétrole... Bilan : brûlures au 3e degré sur les bras, et au 2e degré sur le visage. Six semaines d'arrêt complet et d'hospitalisation. L'actrice eut l'élégance (et la lucidité) de ne pas attaquer en justice la production, ce qu'elle aurait pu faire.

"Je sais comment ce business fonctionne, et si je l'avais fait, je n'aurai jamais retrouvé du travail" dira-t-elle plus tard. Et d'ajouter : "je leur ai donc dit que j'acceptais de revenir à une seule condition : plus de feu d'artifice !"

Les produits chimiques du maquillage ont fait une autre victime sur le tournage. Le personnage de l'homme de fer blanc, compagnon de route de Dorothy, est incarné par Jack Haley. Pourtant à l'origine, ce fut un autre comédien qui endossa le rôle : Buddy Ebsen.

Dans son autobiographie The Other Side of Oz, publiée en 1994, il raconte avoir été maquillé avec de la peinture blanche recouverte de poussière d'aluminium. Transpirant à grosses gouttes sous le costume et surtout sous ce maquillage, celui-ci était donc régulièrement réappliqué par la production.

La combinaison de produits chimiques dégageait une odeur telle que l'acteur avait du mal à respirer sur le tournage. Au point de carrément se réveiller une nuit, suffoquant, incapable de respirer. Transporté à l'hôpital, l'équipe médicale découvrit que ses poumons étaient imprégnés de poussière d'aluminium, à force d'inhalation, au point de provoquer une réaction toxique.

Il fallut huit semaines de convalescence à Ebsen pour se remettre, mais il fut remplacé entre-temps par Jack Haley dans le rôle. The Show Must go on... Toujours est-il que Buddy Ebsen a expliqué que cet incident lui a laissé une fragilité dans les bronches, sujettes à de fréquentes bronchites.

Taylor Hickson

En 2018, l'actrice Taylor Hickson était la tête d'affiche du nouveau film d'épouvante de Pascal Laugier, Ghostland. Alors que la sortie du film approchait, la comédienne d'origine canadienne annonçait porter plainte contre la production du film.

Motif ? Elle fut victime d'un accident sur le tournage en décembre 2016, alors que le réalisateur et le producteur lui avait affirmé que la scène qu'elle tournait serait sans danger. Résultat : une blessure faciale qui a nécessité 70 points de suture. Elle annonçait donc porter plainte contre la production pour des blessures faciales "qui altéreront sa carrière", selon le site Deadline qui avait pu consulter la plainte.

Dans la scène tournée, le réalisateur lui a demandé de frapper très fort sur une vitre contre laquelle son visage était collé : "Durant le tournage de cette scène, le réalisateur Pascal Laugier n'arrêtait pas de dire à Taylor Hickson de frapper plus fort la vitre avec ses poings. À un moment, elle a demandé à l'un des producteurs et au réalisateur si ce n'était pas dangereux. Les deux lui ont répondu que ça ne l'était pas".

Malheureusement, la vitre a éclaté, propulsant sa tête et le haut de son corps à travers les éclats de verre. "La jeune femme gravement coupée au niveau du côté gauche du visage a reçu 70 points de sutures. Depuis, une imposante cicatrice allant du bas de son menton à sa tempe lui barre le côté gauche du visage" précisait Deadline.

La plainte ajoutait : "Depuis, elle a reçu plusieurs traitements au laser et au silicone. Mais plus d'un an après l'incident, elle garde une cicatrice sur le côté gauche de son visage. Nous ne savons pas aujourd'hui si un traitement futur comme de la chirurgie esthétique permettra de réduire l'apparence de la balafre".

La société de production du film, Incident Productions (c'est dire si le nom était déjà un présage malheureux...) sera condamnée à payer à l'actrice 40.000 $, pour avoir failli à ses obligations de sécurité sur le tournage. En dépit des opérations, la balafre reste effectivement toujours visible...

publié le 24 février, Olivier Pallaruelo, Allociné

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